Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   XI

   Capítulo 11

   LE NAUTILUS

   El «Nautilus»

   Le capitaine Nemo se leva. Je le suivis. Une double porte, ménagée à l'arrière de la salle, s'ouvrit, et j'entrai dans une chambre de dimension égale à celle que je venais de quitter.

   El capitán Nemo se levantó y yo le seguí. Por una doble puerta situada al fondo de la pieza entré en una sala de dimensiones semejantes a las del comedor.

   C'était une bibliothèque. De hauts meubles en palissandre noir, incrustés de cuivres, supportaient sur leurs larges rayons un grand nombre de livres uniformément reliés. Ils suivaient le contour de la salle et se terminaient à leur partie inférieure par de vastes divans, capitonnés de cuir marron, qui offraient les courbes les plus confortables. De légers pupitres mobiles, en s'écartant ou se rapprochant à volonté, permettaient d'y poser le livre en lecture. Au centre se dressait une vaste table, couverte de brochures, entre lesquelles apparaissaient quelques journaux déjà vieux. La lumière électrique inondait tout cet harmonieux ensemble, et tombait de quatre globes dépolis à demi engagés dans les volutes du plafond. Je regardais avec une admiration réelle cette salle si ingénieusement aménagée, et je ne pouvais en croire mes yeux.

   Era la biblioteca. Altos muebles de palisandro negro, con incrustaciones de cobre, soportaban en sus anchos estantes un gran número de libros encuadernados con uniformidad. Las estanterías se adaptaban al contorno de la sala, y terminaban en su parte inferior en unos amplios divanes tapizados con cuero marrón y extraordinariamente cómodos. Unos ligeros pupitres móviles, que podían acercarse o separarse a voluntad, servían de soporte a los libros en curso de lectura o de consulta. En el centro había una gran mesa cubierta de publicaciones, entre las que aparecían algunos periódicos ya viejos. La luz eléctrica que emanaba de cuatro globos deslustrados, semiencajados en las volutas del techo, inundaba tan armonioso conjunto. Yo contemplaba con una real admiración aquella sala tan ingeniosamente amueblada y apenas podía dar crédito a mis ojos.

   «Capitaine Nemo, dis-je à mon hôte, qui venait de s'étendre sur un divan, voilà une bibliothèque qui ferait honneur à plus d'un palais des continents, et je suis vraiment émerveillé, quand je songe qu'elle peut vous suivre au plus profond des mers.

   -Capitán Nemo -dije a mi huésped, que acababa de sentarse en un diván-, he aquí una biblioteca que honraría a más de un palacio de los continentes. Y es una maravilla que esta biblioteca pueda seguirle hasta lo más profundo de los mares.

   — Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence, monsieur le professeur? répondit le capitaine Nemo. Votre cabinet du Muséum vous offre-t-il un repos aussi complet?

   -¿Dónde podría hallarse mayor soledad, mayor silencio, señor profesor? ¿Puede usted hallar tanta calma en su gabinete de trabajo del museo?

   — Non, monsieur, et je dois ajouter qu'il est bien pauvre auprès du vôtre. Vous possédez la six ou sept mille volumes...

   -No, señor, y debo confesar que al lado del suyo es muy pobre. Hay aquí por lo menos seis o siete mil volúmenes, ¿no?

   — Douze mille, monsieur Aronnax. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s'est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j'ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis lors, je veux croire que l'humanité n'a plus ni pensé, ni écrit. Ces livres, monsieur le professeur, sont d'ailleurs à votre disposition, et vous pourrez en user librement.»

   -Doce mil, señor Aronnax. Son los únicos lazos que me ligan a la tierra. Pero el mundo se acabó para mí el día en que mi Nautilus se sumergió por vez primera bajo las aguas. Aquel día compré mis últimos libros y mis últimos periódicos, y desde entonces quiero creer que la humanidad ha cesado de pensar y de escribir. Señor profesor, esos libros están a su disposición y puede utilizarlos con toda libertad.

   Je remerciai le capitaine Nemo, et je m'approchai des rayons de la bibliothèque. Livres de science, de morale et de littérature, écrits en toute langue, y abondaient; mais je ne vis pas un seul ouvrage d'économie politique; ils semblaient être sévèrement proscrits du bord. Détail curieux, tous ces livres étaient indistinctement classés, en quelque langue qu'ils fussent écrits, et ce mélange prouvait que le capitaine du Nautilus devait lire couramment les volumes que sa main prenait au hasard.

   Di las gracias al capitán Nemo, y me acerqué a los estantes de la biblioteca. Abundaban en ella los libros de ciencia, de moral y de literatura, escritos en numerosos idiomas, pero no vi ni una sola obra de economía política, disciplina que al parecer estaba allí severamente proscrita. Detalle curioso era el hecho de que todos aquellos libros, cualquiera que fuese la lengua en que estaban escritos, se hallaran clasificados indistintamente. Tal mezcla probaba que el capitán del Nautilus debía leer corrientemente los volúmenes que su mano tomaba al azar.

   Parmi ces ouvrages, je remarquai les chefs-d'oeuvre des maîtres anciens et modernes, c'est-à-dire tout ce que l'humanité a produit de plus beau dans l'histoire, la poésie, le roman et la science, depuis Homère jusqu'à Victor Hugo, depuis Xénophon jusqu'à Michelet, depuis Rabelais jusqu'à madame Sand. Mais la science, plus particulièrement, faisait les frais de cette bibliothèque; les livres de mécanique, de balistique. d'hydrographie, de météorologie, de géographie, de géologie, etc., y tenaient une place non moins importante que les ouvrages d'histoire naturelle, et je compris qu'ils formaient la principale étude du capitaine. Je vis là tout le Humboldt, tout l'Arago, les travaux de Foucault, d'Henry Sainte-Claire Deville, de Chasles, de Milne-Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, de l'abbé Secchi, de Petermann, du commandant Maury, d'Agassis etc. Les mémoires de l'Académie des sciences, les bulletins des diverses sociétés de géographie, etc., et, en bon rang, les deux volumes qui m'avaient peut-être valu cet accueil relativement charitable du capitaine Nemo. Parmi les oeuvres de Joseph Bertrand, son livre intitulé les Fondateurs de l'Astronomie me donna même une date certaine; et comme je savais qu'il avait paru dans le courant de 1865, je pus en conclure que l'installation du Nautilus ne remontait pas à une époque postérieure. Ainsi donc, depuis trois ans, au plus, le capitaine Nemo avait commencé son existence sous-marine. J'espérai, d'ailleurs, que des ouvrages plus récents encore me permettraient de fixer exactement cette époque; mais j'avais le temps de faire cette recherche, et je ne voulus pas retarder davantage notre promenade à travers les merveilles du Nautilus.

   Entre tantos libros, vi las obras maestras de los más grandes escritores antiguos y modernos, es decir, todo lo que la humanidad ha producido de más bello en la historia, la poesía, la novela y la ciencia, desde Homero hasta Victor Hugo desde Jenofonte hasta Michelet, desde Rabelais hasta la señora Sand. Pero los principales fondos de la biblioteca estaban integrados por obras científicas; los libros de mecánica, de balística, de hidrografía, de meteorología, de geografía, de geología, etc., ocupaban en ella un lugar no menos amplio que las obras de Historia Natural, y comprendí que constituían el principal estudio del capitán. Vi allí todas las obras de Humboldt, de Arago, los trabajos de Foucault, de Henri Sainte Claire Deville, de Chasles, de Milne Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, del abate Secchi, de Petermann, del comandante Maury, de Agassiz, etc.; las memorias de la Academia de Ciencias, los boletines de diferentes sociedades de Geografía, etcétera. Y también, y en buen lugar, los dos volúmenes que me habían valido probablemente esa acogida, relativamente caritativa, del capitán Nemo. Entre las obras que allí vi de Joseph Bertrand, la titulada Los fundadores de la Astronomía me dio incluso una fecha de referencia; como yo sabía que dicha obra databa de 1865, pude inferir que la instalación del Nautilus no se remontaba a una época anterior. Así, pues, la existencia submarina del capitán Nemo no pasaba de tres años como máximo. Tal vez -me dije -hallara obras más recientes que me permitieran fijar con exactitud la época, pero tenía mucho tiempo ante mí para proceder a tal investigación, y no quise retrasar más nuestro paseo por las maravillas del Nautilus.

   «Monsieur, dis-je au capitaine, je vous remercie d'avoir mis cette bibliothèque à ma disposition. Il y a là des trésors de science, et j'en profiterai.

   -Señor -dije al capitán-, le agradezco mucho que haya puesto esta biblioteca a mi disposición. Hay aquí tesoros de ciencia de los que me aprovecharé.

   — Cette salle n'est pas seulement une bibliothèque, dit le capitaine Nemo, c'est aussi un fumoir.

   -Esta sala no es sólo una biblioteca -dijo el capitán Nemo-, es también un fumadero.

   — Un fumoir? m'écriai-je. On fume donc à bord?

   -¿Un fumadero? ¿Se fuma, pues, a bordo?

   — Sans doute.

   -En efecto.

   — Alors, monsieur, je suis forcé de croire que vous avez conservé des relations avec La Havane.

   -Entonces eso me fuerza a creer que ha conservado usted relaciones con La Habana.

   — Aucune, répondit le capitaine. Acceptez ce cigare, monsieur Aronnax, et, bien qu'il ne vienne pas de La Havane, vous en serez content, si vous êtes connaisseur.»

   -De ningún modo -respondió el capitán-. Acepte este cigarro, señor Aronnax, que aunque no proceda de La Habana habrá de gustarle, si es usted buen conocedor.

   Je pris le cigare qui m'était offert, et dont la forme rappelait celle du londrès; mais il semblait fabriqué avec des feuilles d'or. Je l'allumai à un petit brasero que supportait un élégant pied de bronze, et j'aspirai ses premières bouffées avec la volupté d'un amateur qui n'a pas fumé depuis deux jours.

   Tomé el cigarro que me ofrecía. Parecía fabricado con hojas de oro, y por su forma recordaba al «londres». Lo encendí en un pequeño brasero sustentado en una elegante peana de bronce, y aspiré las primeras bocanadas con la voluptuosidad de quien no ha fumado durante dos días.

   «C'est excellent, dis-je, mais ce n'est pas du tabac.

   -Es excelente -dije-, pero no es tabaco.

   — Non, répondit le capitaine, ce tabac ne vient ni de La Havane ni de l'Orient. C'est une sorte d'algue, riche en nicotine, que la mer me fournit, non sans quelque parcimonie. Regrettez-vous les londrès, monsieur?

   -No -respondió el capitán-, este tabaco no procede ni de La Habana ni de Oriente. Es una especie de alga, rica en nicotina, que me provee el mar, si bien con alguna escasez. ¿Le hace echar de menos los «londres», señor?

   — Capitaine, je les méprise à partir de ce jour.

   -Capitán, a partir de hoy los desprecio.

   — Fumez donc à votre fantaisie, et sans discuter l'origine de ces cigares. Aucune régie ne les a contrôlés, mais ils n'en sont pas moins bons, j'imagine.

   -Fume, pues, sin preocuparse del origen de estos cigarros. No han pasado por el control de ningún monopolio, pero no por ello son menos buenos, creo yo.

   — Au contraire.»

   -Al contrario.

   A ce moment le capitaine Nemo ouvrit une porte qui faisait face à celle par laquelle j'étais entré dans la bibliothèque, et je passai dans un salon immense et splendidement éclairé.

   En este momento el capitán Nemo abrió una puerta situada frente a la que me había abierto paso a la biblioteca, y por ella entré a un salón inmenso y espléndidamente iluminado.

   C'était un vaste quadrilatère, à pans coupés, long de dix mètres, large de six, haut de cinq. Un plafond lumineux, décoré de légères arabesques, distribuait un jour clair et doux sur toutes les merveilles entassées dans ce musée. Car, c'était réellement un musée dans lequel une main intelligente et prodigue avait réuni tous les trésors de la nature et de l'art, avec ce pêle-mêle artiste qui distingue un atelier de peintre.

   Era un amplio cuadrilátero (diez metros de longitud, seis de anchura y cinco de altura) en el que las intersecciones de las paredes estaban recubiertas por paneles. Un techo luminoso, decorado con ligeros arabescos, distribuía una luz clara y suave sobre las maravillas acumuladas en aquel museo. Pues de un museo se trataba realmente. Una mano inteligente y pródiga había reunido en él tesoros de la naturaleza y del arte, con ese artístico desorden que distingue al estudio de un pintor.

   Une trentaine de tableaux de maîtres, à cadres uniformes, séparés par d'étincelantes panoplies, ornaient les parois tendues de tapisseries d'un dessin sévère. Je vis là des toiles de la plus haute valeur, et que, pour la plupart, j'avais admirées dans les collections particulières de l'Europe et aux expositions de peinture. Les diverses écoles des maîtres anciens étaient représentées par une madone de Raphaël, une vierge de Léonard de Vinci, une nymphe du Corrège, une femme du Titien, une adoration de Véronèse, une assomption de Murillo, un portrait d'Holbein, un moine de Vélasquez, un martyr de Ribeira, une kermesse de Rubens, deux paysages flamands de Téniers, trois petits tableaux de genre de Gérard Dow, de Metsu, de Paul Potter, deux toiles de Géricault et de Prudhon, quelques marines de Backuysen et de Vernet. Parmi les oeuvres de la peinture moderne, apparaissaient des tableaux signés Delacroix, Ingres, Decamps, Troyon, Meissonnier, Daubigny, etc., et quelques admirables réductions de statues de marbre ou de bronze, d'après les plus beaux modèles de l'antiquité, se dressaient sur leurs piédestaux dans les angles de ce magnifique musée. Cet état de stupéfaction que m'avait prédit le commandant du Nautilus commençait déjà à s'emparer de mon esprit.

   Una treintena de cuadros de grandes maestros, en marcos uniformes, separados por resplandecientes panoplias, ornaban las paredes cubiertas por tapices con dibujos severos. Pude ver allí telas valiosísimas, que en su mayor parte había admirado en las colecciones particulares de Europa y en las exposiciones. Las diferentes escuelas de los maestros antiguos estaban representadas por una madona de Rafael, una virgen de Leonardo da Vinci, una ninfa del Correggio, una mujer de Tiziano, una adoración de Veronese, una asunción de Murillo, un retrato de Holbein, un fraile de Velázquez, un mártir de Ribera, una fiesta de Rubens, dos paisajes flamencos de Teniers, tres pequeños cuadros de género de Gerard Dow, de Metsu y de Paul Potter, dos telas de Gericault y de Prudhon, algunas marinas de Backhuysen y de Vernet. Entre las obras de la pintura moderna, había cuadros firmados por Delácroix, Ingres, Decamps, Troyon, Meissonier, Daubigny, etc., y algunas admirables reducciones de estatuas de mármol o de bronce, según los más bellos modelos de la Antigüedad, se erguían sobre sus pedestales en los ángulos del magnífico museo.

El estado de estupefacción que me había augurado el comandante del Nautilus comenzaba ya a apoderarse de mi ánimo.

   «Monsieur le professeur, dit alors cet homme étrange, vous excuserez le sans-gêne avec lequel je vous reçois, et le désordre qui règne dans ce salon.

   -Señor profesor -dijo aquel hombre extraño-, excusará usted el descuido con que le recibo y el desorden que reina en este salón.

   — Monsieur, répondis-je, sans chercher à savoir qui vous êtes, m'est-il permis de reconnaître en vous un artiste?

   -Señor -respondí-, sin que trate de saber quién es usted, ¿puedo reconocer en usted un artista?

   — Un amateur, tout au plus, monsieur. J'aimais autrefois à collectionner ces belles oeuvres créées par la main de l'homme. J'étais un chercheur avide, un fureteur infatigable, et j'ai pu réunir quelques objets d'un haut prix. Ce sont mes derniers souvenirs de cette terre qui est morte pour moi. A mes yeux, vos artistes modernes ne sont déjà plus que des anciens; ils ont deux ou trois mille ans d'existence, et je les confonds dans mon esprit. Les maîtres n'ont pas d'âge.

   -Un aficionado, nada más, señor. En otro tiempo gustaba yo de coleccionar estas bellas obras creadas por la mano del hombre. Era yo un ávido coleccionista, un infatigable buscador, y así pude reunir algunos objetos inapreciables. Estos son mis últimos recuerdos de esta tierra que ha muerto para mí. A mis ojos, sus artistas modernos ya son antiguos, ya tienen dos o tres mil años de existencia, y los confundo en mi mente. Los maestros no tienen edad.

   — Et ces musiciens? dis-je, en montrant des partitions de Weber, de Rossini, de Mozart, de Beethoven, d'Haydn, de Meyerbeer, d'Herold, de Wagner, d'Auber, de Gounod, et nombre d'autres, éparses sur un pianoorgue de grand modèle qui occupait un des panneaux du salon.

   -¿Y estos músicos? -pregunté, mostrando unas partituras de Weber, de Rossini, de Mozart, de Beethoven, de Haydn, de Meyerbeer, de Herold, de Wagner, de Auber y de Gounod, y otras muchas, esparcidas sobre un piano órgano de grandes dimensiones, que ocupaba uno de los paneles del salón.

   — Ces musiciens, me répondit le capitaine Nemo, ce sont des contemporains d'Orphée, car les différences chronologiques s'effacent dans la mémoire des morts - et je suis mort, monsieur le professeur, aussi bien mort que ceux de vos amis qui reposent à six pieds sous terre!»

   -Estos músicos -respondió el capitán Nemo -son contemporáneos de Orfeo, pues las diferencias cronológicas se borran en la memoria de los muertos, y yo estoy muerto, señor profesor, tan muerto como aquéllos de sus amigos que descansan a seis pies bajo tierra.

   Le capitaine Nemo se tut et sembla perdu dans une rêverie profonde. Je le considérais avec une vive émotion, analysant en silence les étrangetés de sa physionomie. Accoudé sur l'angle d'une précieuse table de mosaïque, il ne me voyait plus, il oubliait ma présence.

   El capitán Nemo calló, como perdido en una profunda ensoñación. Le miré con una viva emoción, analizando en silencio los rasgos de su fisonomía. Apoyado en sus codos sobre una preciosa mesa de cerámica, él no me veía, parecía haber olvidado mi presencia.

   Je respectai ce recueillement, et je continuai de passer en revue les curiosités qui enrichissaient ce salon.

   Respeté su recogimiento y continué examinando las curiosidades que enriquecían el salón.

   Auprès des oeuvres de l'art, les raretés naturelles tenaient une place très importante. Elles consistaient principalement en plantes, en coquilles et autres productions de l'Océan, qui devaient être les trouvailles personnelles du capitaine Nemo. Au milieu du salon, un jet d'eau, électriquement éclairé, retombait dans une vasque faite d'un seul tridacne. Cette coquille, fournie par le plus grand des mollusques acéphales, mesurait sur ses bords, délicatement festonnés, une circonférence de six mètres environ; elle dépassait donc en grandeur ces beaux tridacnes qui furent donnés à François 1er par la République de Venise, et dont l'église Saint-Sulpice, à Paris, a fait deux bénitiers gigantesques.

   Además de las obras de arte, las curiosidades naturales ocupaban un lugar muy importante. Consistían principalmente en plantas, conchas y otras producciones del océano, que debían ser los hallazgos personales del capitán Nemo. En medio del salón, un surtidor iluminado eléctricamente caía sobre un pilón formado por una sola tridacna. Esta concha, perteneciente al mayor de los moluscos acéfalos, con unos bordes delicadamente festoneados, medía una circunferencia de unos seis metros; excedía, pues, en dimensiones alas bellas tridacnas regaladas a Francisco I por la República de Venecia y de las que la iglesia de San Sulpicio, en París, ha hecho dos gigantescas pilas de agua bendita.

   Autour de cette vasque, sous d'élégantes vitrines fixées par des armatures de cuivre, étaient classés et étiquetés les plus précieux produits de la mer qui eussent jamais été livrés aux regards d'un naturaliste. On conçoit ma joie de professeur.

   En torno al pilón, en elegantes vitrinas fijadas por armaduras de cobre, se hallaban, convenientemente clasificados y etiquetados, los más preciosos productos del mar que hubiera podido nunca contemplar un naturalista. Se comprenderá mi alegría de profesor.

   L'embranchement des zoophytes offrait de très curieux spécimens de ses deux groupes des polypes et des échinodermes. Dans le premier groupe, des tubipores, des gorgones disposées en éventail, des éponges douces de Syrie, des isis des Molluques, des pennatules, une virgulaire admirable des mers de Norvège, des ombellulaires variées, des alcyonnaires, toute une série de ces madrépores que mon maître Milne-Edwards a si sagacement classés en sections, et parmi lesquels je remarquai d'adorables flabellines, des oculines de l'île Bourbon, le «char de Neptune» des Antilles, de superbes variétés de coraux, enfin toutes les espèces de ces curieux polypiers dont l'assemblage forme des îles entières qui deviendront un jour des continents. Dans les échinodermes, remarquables par leur enveloppe épineuse, les astéries, les étoiles de mer, les pantacrines, les comatules, les astérophons, les oursins, les holoturies, etc., représentaient la collection complète des individus de ce groupe.

   La división de los zoófitos ofrecía muy curiosos especímenes de sus dos grupos de pólipos y de equinodermos. En el primer grupo, había tubíporas; gorgonias dispuestas en abanico; esponjas suaves de Siria; ¡sinos de las Molucas; pennátulas; una virgularia admirable de los mares de Noruega; ombelularias variadas; los alcionarios; toda una serie de esas madréporas que mi maestro Milne Edwards ha clasificado tan sagazmente en secciones y entre las que distinguí las adorables fiabelinas; las oculinas de la isla Borbón; el «carro de Neptuno» de las Antillas; soberbias variedades de corales; en fin, todas las especies de esos curiosos pólipos cuya asamblea forma islas enteras que un día serán continentes Entre los equinodermos, notables por su espinosa envoltu ra, las asterias, estrellas de mar, pantacrinas, comátulas, asterófonos, erizos, holoturias, etc., representaban la colección completa de los individuos de este grupo.

   Un conchyliologue un peu nerveux se serait pâmé certainement devant d'autres vitrines plus nombreuses où étaient classés les échantillons de l'embranchement des mollusques. Je vis là une collection d'une valeur inestimable, et que le temps me manquerait à décrire tout entière. Parmi ces produits, je citerai, pour mémoire seulement, - l'élégant marteau royal de l'Océan indien dont les régulières taches blanches ressortaient vivement sur un fond rouge et brun, - un spondyle impérial, aux vives couleurs, tout hérissé d'épines, rare spécimen dans les muséums européens, et dont j'estimai la valeur à vingt mille francs, un marteau commun des mers de la Nouvelle-Hollande, qu'on se procure difficilement, - des buccardes exotiques du Sénégal, fragiles coquilles blanches à doubles valves, qu'un souffle eût dissipées comme une bulle de savon, - plusieurs variétés des arrosoirs de Java, sortes de tubes calcaires bordés de replis foliacés, et très disputés par les amateurs, - toute une série de troques, les uns jaune verdâtre, pêchés dans les mers d'Amérique, les autres d'un brun roux, amis des eaux de la Nouvelle-Hollande, ceux-ci, venus du golfe du Mexique, et remarquables par leur coquille imbriquée, ceux-là, des stellaires trouvés dans les mers australes, et enfin, le plus rare de tous, le magnifique éperon de la Nouvelle-Zélande; - puis, d'admirables tellines sulfurées, de précieuses espèces de cythérées et de Vénus, le cadran treillissé des côtes de Tranquebar, le sabot marbré à nacre resplendissante, les perroquets verts des mers de Chine, le cône presque inconnu du genre Coenodulli, toutes les variétés de porcelaines qui servent de monnaie dans l'Inde et en Afrique, la «Gloire de la Mer», la plus précieuse coquille des Indes orientales; - enfin des littorines, des dauphinules, des turritelles des janthines, des ovules, des volutes, des olives, des mitres, des casques, des pourpres, des buccins, des harpes, des rochers, des tritons, des cérites, des fuseaux, des strombes, des pterocères, des patelles, des hyales, des cléodores, coquillages délicats et fragiles, que la science a baptisés de ses noms les plus charmants.

   Un conquiliólogo un poco nervioso se hubiera pasmado y vuelto loco de alegría ante otras vitrinas, más numerosas, en las que se hallaban clasificadas las muestras de la división de los moluscos. Vi una colección de un valor inestimable, para cuya descripción completa me falta tiempo. Por ello, y a título de memoria solamente, citaré el elegante martillo real del océano índico, cuyas regulares manchas blancas destacaban vivamente sobre el fondo rojo y marrón; un espóndilo imperial de vivos colores, todo erizado de espinas, raro espécimen en los museos europeos y cuyo valor estimé en unos veinte mil francos; un martillo común de los mares de la Nueva Holanda, de difícil obtención pese a su nombre; berberechos exóticos del Senegal, frágiles conchas blancas bivalvas que un soplo destruiría como una pompa de jabón; algunas variedades de las regaderas de Java, especie de tubos calcáreos festoneados de repliegues foliáceos, muy buscados por los aficionados; toda una serie de trocos, unos de color amarillento verdoso, pescados en los mares de América, y otros, de un marrón rojizo, habitantes de los mares de Nueva Holanda, o procedentes del golfo de México y notables por su concha imbricada; esteléridos hallados en los mares australes, y, por último, el más raro de todos, el magnífico espolón de Nueva Zelanda; admirables tellinas sulfuradas, preciosas especies de citereas y de venus; el botón trencillado de las costas de Tranquebar; el turbo marmóreo de nácar resplandeciente; los papagayos verdes de los mares de China; el cono casi desconocido del género Coenodulli; todas las variedades de porcelanas que sirven de moneda en la India y en África; la «Gloria del mar», la más preciosa concha de las Indias orientales; en fin, litorinas, delfinulas, turritelas, jantinas, óvulas, volutas, olivas, mitras, cascos, púrpuras, bucínidos, arpas, rocas, tritones, ceritios, husos, estrombos, pteróceras, patelas, hiálicos, cleodoras, conchas tan finas como delicadas que la ciencia ha bautizado con sus nombres más encantadores.

   A part, et dans des compartiments spéciaux, se déroulaient des chapelets de perles de la plus grande beauté, que la lumière électrique piquait de pointes de feu, des perles roses, arrachées aux pinnes marines de la mer Rouge, des perles vertes de l'haliotyde iris, des perles jaunes, bleues, noires. curieux produits des divers mollusques de tous les océans et de certaines moules des cours d'eau du Nord, enfin plusieurs échantillons d'un prix inappréciable qui avaient été distillés par les pintadines les plus rares. Quelques-unes de ces perles surpassaient en grosseur un oeuf de pigeon; elles valaient, et au-delà, celle que le voyageur Tavernier vendit trois millions au shah de Perse, et primaient cette autre perle de l'iman de Mascate, que je croyais sans rivale au monde.

   Aparta en -vitrinas especiales había sartas de perlas de la mayor belleza a las que la luz eléctrica arrancaba destellos de fuego; perlas rosas extraídas de las ostras peñas del mar Rojo; perlas verdes del hialótide iris; perlas amarillas, azules, negras; curiosos productos de los diferentes moluscos de todos los océanos y de algunas ostras del Norte, y, en fin, varios especímenes de un precio incalculable, destilados por las más raras pintadinas. Algunas de aquellas perlas sobrepasaban el tamaño de un huevo de paloma, y valían tanto o más que la que vendió por tres millones el viajero Tabernier al sha de Persia o que la del imán de Mascate, que yo creía sin rival en el mundo.

   Ainsi donc, chiffrer la valeur de cette collection était, pour ainsi dire, impossible. Le capitaine Nemo avait dû dépenser des millions pour acquérir ces échantillons divers, et je me demandais à quelle source il puisait pour satisfaire ainsi ses fantaisies de collectionneur, quand je fus interrompu par ces mots:

   Imposible hubiera sido cifrar el valor de esas colecciones. El capitán Nemo había debido gastar millones para adquirir tales especímenes. Estaba preguntándome yo cuál sería el alcance de una fortuna que permitía satisfacer tales caprichos de coleccionista, cuando el capitán interrumpió el curso de mi pensamiento.

   «Vous examinez mes coquilles, monsieur le professeur. En effet, elles peuvent intéresser un naturaliste; mais, pour moi, elles ont un charme de plus, car je les ai toutes recueillies de ma main, et il n'est pas une mer du globe qui ait échappé à mes recherches.

   -Lo veo muy interesado por mis conchas, señor profesor, y lo comprendo, puesto que es usted naturalista. Pero para mí tienen además un encanto especial, puesto que las he cogido todas con mis propias manos, sin que un solo mar del globo haya escapado a mi búsqueda.

   — Je comprends, capitaine, je comprends cette joie de se promener au milieu de telles richesses. Vous êtes de ceux qui ont fait eux-mêmes leur trésor. Aucun muséum de l'Europe ne possède une semblable collection des produits de l'Océan. Mais si j'épuise mon admiration pour elle, que me restera-t-il pour le navire qui les porte! Je ne veux point pénétrer des secrets qui sont les vôtres! Cependant, j'avoue que ce Nautilus, la force motrice qu'il renferme en lui, les appareils qui permettent de le manoeuvrer, l'agent si puissant qui l'anime, tout cela excite au plus haut point ma curiosité. Je vois suspendus aux murs de ce salon des instruments dont la destination m'est inconnue. Puis-je savoir?...

   -Comprendo, capitán, comprendo la alegría de pasearse en medio de tales riquezas. Es usted de los que han hecho por sí mismos sus tesoros. No hay en toda Europa un museo que posea una semejante colección de productos del océano. Pero si agoto aquí mi capacidad de admiración ante estas colecciones, ¿qué me quedará para el barco que las transporta? No quiero conocer secretos que le pertenecen, pero, sin embargo, confieso que este Nautilus, la fuerza motriz que encierra, los aparatos que permiten su maniobrabilidad, el poderoso agente que lo anima, todo eso excita mi curiosidad… Veo en los muros de este salón instrumentos suspendidos cuyo uso me es desconocido. ¿Puedo saber… ?…

   — Monsieur Aronnax, me répondit le capitaine Nemo, je vous ai dit que vous seriez libre à mon bord, et par conséquent, aucune partie du Nautilus ne vous est interdite. Vous pouvez donc le visiter en détail et je me ferai un plaisir d'être votre cicérone.

   -Señor Aronnax, ya le dije que sería usted libre a bordo, y consecuentemente, ninguna parte del Nautilus le está prohibida. Puede usted visitarlo detenidamente, y es para mí un placer ser su cicerone.

   — Je ne sais comment vous remercier, monsieur, mais je n'abuserai pas de votre complaisance. Je vous demanderai seulement à quel usage sont destinés ces instruments de physique...

   -No sé cómo agradecérselo, señor, pero no quiero abusar de su amabilidad. Únicamente le preguntaré acerca de la finalidad de estos instrumentos de física.

   — Monsieur le professeur, ces mêmes instruments se trouvent dans ma chambre, et c'est là que j'aurai le plaisir de vous expliquer leur emploi. Mais auparavant, venez visiter la cabine qui vous est réservée. Il faut que vous sachiez comment vous serez installé à bord du Nautilus

   -Señor profesor, esos instrumentos están también en mi camarote, y es allí donde tendré el placer de explicarle su empleo. Pero antes voy a mostrarle el camarote que se le ha reservado. Debe usted saber cómo va a estar instalado a bordo del Nautilus.

   Je suivis le capitaine Nemo, qui, par une des portes percées à chaque pan coupé du salon, me fit rentrer dans les coursives du navire. Il me conduisit vers l'avant, et là je trouvai, non pas une cabine, mais une chambre élégante, avec lit, toilette et divers autres meubles.

   Seguí al capitán Nemo, quien, por una de las puertas practicadas en los paneles del salón, me hizo volver al corredor del barco. Me condujo hacia adelante y me mostró no un camarote sino una verdadera habitación, elegantemente amueblada, con lecho y tocador.

   Je ne pus que remercier mon hôte.

   Di las gracias a mi huésped.

   «Votre chambre est contiguë à la mienne, me dit-il, en ouvrant une porte, et la mienne donne sur le salon que nous venons de quitter.»

   -Su camarote es contiguo al mío -me dijo, al tiempo que abría una puerta-. Y el mío da al salón del que acabamos de salir.

   J'entrai dans la chambre du capitaine. Elle avait un aspect sévère, presque cénobitique. Une couchette de fer, une table de travail, quelques meubles de toilette. Le tout éclairé par un demi-jour. Rien de confortable. Le strict nécessaire, seulement.

   Entré en el camarote del capitán, que tenía un aspecto severo, casi cenobial. Una cama de hierro, una mesa de trabajo y una cómoda de tocador componían todo el mobiliario, reducido a lo estrictamente necesario.

   Le capitaine Nemo me montra un siège.

   El capitán Nemo me mostró una silla.

   «Veuillez vous asseoir», me dit-il.

   -Siéntese, por favor.

   Je m'assis, et il prit la parole en ces termes:

   Me senté y él tomó la palabra en los términos que siguen.