Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   VI

   Capítulo 6

   À TOUTE VAPEUR

   A todo vapor

   A ce cri, l'équipage entier se précipita vers le harponneur, commandant, officiers, maîtres, matelots, mousses, jusqu'aux ingénieurs qui quittèrent leur machine, jusqu'aux chauffeurs qui abandonnèrent leurs fourneaux. L'ordre de stopper avait été donné, et la frégate ne courait plus que sur son erre.

   Al oír este grito, toda la tripulación se precipitó hacia el arponero; comandante, oficiales, contramaestres, marineros, grumetes y hasta los ingenieros, que dejaron sus máquinas, y los fogoneros, que abandonaron sus puestos. Se había dado la orden de parar, y la fragata ya no se desplazaba más que por su propia inercia.

   L'obscurité était profonde alors, et quelques bons que fussent les yeux du Canadien, je me demandais comment il avait vu et ce qu'il avait pu voir. Mon coeur battait à se rompre.

   Tan profunda era ya la oscuridad que yo me preguntaba cómo había podido verlo el canadiense, por buenos que fuesen sus ojos. Mi corazón latía hasta romperse.

   Mais Ned Land ne s'était pas trompé, et tous, nous aperçûmes l'objet qu'il indiquait de la main.

   Pero Ned Land no se había equivocado, y todos pudimos advertir el objeto que su mano indicaba.

   A deux encablures de l'Abraham-Lincoln et de sa hanche de tribord, la mer semblait être illuminée par dessus. Ce n'était point un simple phénomène de phosphorescence, et l'on ne pouvait s'y tromper. Le monstre, immergé à quelques toises de la surface des eaux, projetait cet éclat très intense, mais inexplicable, que mentionnaient les rapports de plusieurs capitaines. Cette magnifique irradiation devait être produite par un agent d'une grande puissance éclairante. La partie lumineuse décrivait sur la mer un immense ovale très allongé, au centre duquel se condensait un foyer ardent dont l'insoutenable éclat s'éteignait par dégradations successives.

   A unos dos cables del Abraham Lincoln y por estribor, el mar parecía estar iluminado por debajo. No era un simple fenómeno de fosforescencia ni cabía engañarse. El monstruo, sumergido a algunas toesas de la superficie, proyectaba ese inexplicable pero muy intenso resplandor que habían mencionado los informes de varios capitanes. La magnífica irradiación debía ser producida por un agente de gran poder luminoso. La luz describía sobre el mar un inmenso óvalo muy alargado, en cuyo centro se condensaba un foco ardiente cuyo irresistible resplandor se iba apagando por degradaciones sucesivas.

   «Ce n'est qu'une agglomération de molécules phosphorescentes, s'écria l'un des officiers.

   -No es más que una aglomeración de moléculas fosforescentes -exclamó uno de los oficiales.

   — Non, monsieur, répliquai-je avec conviction. Jamais les pholades ou les salpes ne produisent une si puissante lumière. Cet éclat est de nature essentiellement électrique... D'ailleurs, voyez, voyez! il se déplace! il se meut en avant, en arrière! il s'élance sur nous!»

   -No, señor -repliqué con convicción-. Ni las folas ni las salpas son capaces de producir una luminosidad tan fuerte. Ese resplandor es de naturaleza eléctrica… Además, ¡mire, mire cómo se desplaza! ¡Se mueve hacia adelante y hacia atrás! ¡Se precipita hacia nosotros!

   Un cri général s'éleva de la frégate.

   -Un grito unánime surgió de la fragata.

   «Silence! dit le commandant Farragut. La barre au vent, toute! Machine en arrière!»

   -¡Silencio! -gritó el comandante Farragut-. ¡Caña a barlovento, toda! ¡Máquina atrás!

   Les matelots se précipitèrent à la barre, les ingénieurs à leur machine. La vapeur fut immédiatement renversée et l'Abraham-Lincoln, abattant sur bâbord, décrivit un demi-cercle.

   Los marineros se precipitaron hacia la caña del timón y los ingenieros hacia sus máquinas. El Abraham Lincoln, abatiendo a babor, describió un semicírculo.

   «La barre droite! Machine en avant!» cria le commandant Farragut.

   -¡A la vía el timón! ¡Máquina avante! -gritó el comandante Farragut.

   Ces ordres furent exécutés, et la frégate s'éloigna rapidement du foyer lumineux.

   Ejecutadas estas órdenes, la fragata se alejó rápidamente del foco luminoso.

   Je me trompe. Elle voulut s'éloigner, mais le surnaturel animal se rapprocha avec une vitesse double de la sienne.

   Digo mal, quiso alejarse, hubiera debido decir, pues la bestia sobrenatural se le acercó con una velocidad dos veces mayor que la suya.

   Nous étions haletants. La stupéfaction, bien plus que la crainte nous tenait muets et immobiles. L'animal nous gagnait en se jouant. Il fit le tour de la frégate qui filait alors quatorze noeuds. et l'enveloppa de ses nappes électriques comme d'une poussière lumineuse. Puis il s'éloigna de deux ou trois milles, laissant une traînée phosphorescente comparable aux tourbillons de vapeur que jette en arrière la locomotive d'un express. Tout d'un coup. des obscures limites de l'horizon, où il alla prendre son élan, le monstre fonça subitement vers l'Abraham-Lincoln avec une effrayante rapidité, s'arrêta brusquement à vingt pieds de ses précintes, s'éteignit non pas en s'abîmant sous les eaux, puisque son éclat ne subit aucune dégradation mais soudainement et comme si la source de ce brillant effluve se fût subitement tarie! Puis, il reparut de l'autre côté du navire, soit qu'il l'eût tourné, soit qu'il eût glissé sous sa coque. A chaque instant une collision pouvait se produire, qui nous eût été fatale.

   Jadeábamos, sumidos en el silencio y la inmovilidad, más por el estupor que por el pánico. El animal se nos acercaba con facilidad. Dio luego una vuelta a la fragata cuya marcha era entonces de catorce nudos y la envolvió en su resplandor eléctrico como en una polvareda luminosa. Se alejó después a unas dos o tres millas, dejando una estela fosforescente comparable a los torbellinos de vapor que exhala la locomotora de un expreso. De repente, desde los oscuros límites del horizonte, a los que había ido a buscar impulso, el monstruo se lanzó hacia el Abraham Lincoln con una impresionante rapidez, se detuvo bruscamente a unos veinte pies de sus cintas, y se apagó, no abismándose en las aguas, puesto que su resplandor no sufrió ninguna degradación, sino súbitamente y como si la fuente de su brillante efluvio se hubiera extinguido de repente. Luego reapareció al otro lado del navío, ya fuera por haber dado la vuelta en torno al mismo o por haber pasado por debajo de su casco. En cualquier momento podía producirse una colisión de nefastos efectos para nosotros.

   Cependant, je m'étonnais des manoeuvres de la frégate. Elle fuyait et n'attaquait pas. Elle était poursuivie, elle qui devait poursuivre, et j'en fis l'observation au commandant Farragut. Sa figure, d'ordinaire si impassible, était empreinte d'un indéfinissable étonnement.

   Las maniobras de la fragata me sorprendieron. En vez de atacar, huía. El barco que había venido en persecución del monstruo se veía perseguido. Como preguntara la razón de esa inversión de papeles, el comandante Farragut, cuyo rostro tan impasible de ordinario reflejaba entonces un asombro infinito, me dijo:

   «Monsieur Aronnax, me répondit-il, je ne sais à quel être formidable j'ai affaire, et je ne veux pas risquer imprudemment ma frégate au milieu de cette obscurité. D'ailleurs, comment attaquer l'inconnu, comment s'en défendre? Attendons le jour et les rôles changeront.

   -Señor Aronnax, ignoro cómo es el ser formidable con que tengo que habérmelas, y no quiero poner en peligro imprudentemente a mi fragata en medio de esta oscuridad. Además, ¿cómo atacar a lo desconocido?, ¿cómo defenderse? Esperemos la luz del día y entonces los papeles cambiarán.

   — Vous n'avez plus de doute, commandant, sur la nature de l'animal?

   -¿Le queda alguna duda, comandante, sobe la naturaleza del animal?

   — Non, monsieur, c'est évidemment un narwal gigantesque, mais aussi un narwal électrique.

   -No, señor, es evidentemente un narval gigantesco, pero es también un narval eléctrico.

   — Peut-être, ajoutai-je, ne peut-on pas plus l'approcher qu'une gymnote ou une torpille!

   -Quizá dije -si emite descargas eléctricas sea tan inabordable como un gimnoto o un torpedo.

   — En effet, répondit le commandant, et s'il possède en lui une puissance foudroyante, c'est à coup sûr le plus terrible animal qui soit jamais sorti de la main du Créateur. C'est pourquoi, monsieur, je me tiendrai sur mes gardes.»

   -Posiblemente -respondió el comandante-, y si posee en sí una potencia fulminante debe ser el animal más terrible que haya salido nunca de las manos del Creador. Por eso, hay que ser prudentes.

   Tout l'équipage resta sur pied pendant la nuit. Personne ne songea à dormir. L'Abraham-Lincoln, ne pouvant lutter de vitesse, avait modéré sa marche et se tenait sous petite vapeur. De son côté, le narwal, imitant la frégate, se laissait bercer au gré des lames, et semblait décidé à ne point abandonner le théâtre de la lutte.

   Toda la tripulación permaneció en pie durante la noche, sin que nadie pensara en dormir. No pudiendo competir en velocidad, el Abraham Lincoln había moderado su marcha. Por su parte, el narval, imitando a la fragata, se dejaba mecer por las olas y parecía decidido a no abandonar el escenario de la lucha.

   Vers minuit, cependant, il disparut, ou, pour employer une expression plus juste, il «s'éteignit» comme un gros ver luisant. Avait-il fui? Il fallait le craindre, non pas l'espérer. Mais à une heure moins sept minutes du matin, un sifflement assourdissant se fit entendre, semblable à celui que produit une colonne d'eau, chassée avec une extrême violence.

   Sin embargo, hacia medianoche desapareció, o, por emplear una expresión más adecuada, se «apagó» como una luciérnaga. ¿Habría huido? Cabía temer más que esperar que así fuera. Pero, a la una menos siete minutos, pudimos oír un silbido ensordecedor, semejante al producido por una columna de agua exhalada con una extrema violencia.

   Le commandant Farragut, Ned Land et moi, nous étions alors sur la dunette, jetant d'avides regards à travers les profondes ténèbres.

   El comandante Farragut, Ned Land y yo estábamos en ese momento en la toldilla, escrutando ávidamente las profundas tinieblas.

   «Ned Land, demanda le commandant, vous avez souvent entendu rugir des baleines?

   -Ned Land, ¿ha oído usted a menudo el rugido de las ballenas? -preguntó el comandante.

   — Souvent, monsieur, mais jamais de pareilles baleines dont la vue m'ait rapporté deux mille dollars.

   -Muchas veces, señor, pero nunca el de una ballena cuyo hallazgo me haya valido dos mil dólares.

   — En effet, vous avez droit à la prime. Mais, dites-moi, ce bruit n'est-il pas celui que font les cétacés rejetant l'eau par leurs évents?

   En efecto, se ha ganado usted la prima. Pero, dígame, ¿no es ése el ruido que hacen los cetáceos al exhalar el agua por sus espiráculos?

   — Le même bruit, monsieur, mais celui-ci est incomparablement plus fort. Aussi, ne peut-on s'y tromper. C'est bien un cétacé qui se tient là dans nos eaux. Avec votre permission, monsieur, ajouta le harponneur, nous lui dirons deux mots demain au lever du jour.

   -El mismo ruido, señor, con la diferencia de que el que acabamos de oír es incomparablemente más fuerte, No hay error posible, es un cetáceo lo que tenemos ante nosotros. Y con su permiso, señor -añadió el arponero-, mañana al despuntar el día le diremos dos palabras a nuestro vecino.

   — S'il est d'humeur à vous entendre, maître Land, répondis-je d'un ton peu convaincu.

   -Si es que está de humor para escucharle, señor Land -dije con un tono de escasa convicción.

   — Que je l'approche à quatre longueurs de harpon, riposta le Canadien, et il faudra bien qu'il m'écoute!

   -Que pueda yo acercarme a cuatro largos de arpón -replicó el canadiense- y verá usted si se siente obligado a escucharme.

   — Mais pour l'approcher, reprit le commandant, je devrai mettre une baleinière à votre disposition?

   -Para acercarse a él -dijo el comandante- supongo que tendré que poner una ballenera a su disposición.

   — Sans doute, monsieur.

   -Claro está.

   — Ce sera jouer la vie de mes hommes?

   -Lo que significará poner en juego la vida de mis hombres.

   — Et la mienne!» répondit simplement le harponneur.

   -Y la mía -respondió el arponero, con la mayor simplicidad.

   Vers deux heures du matin le foyer lumineux reparut, non moins intense, à cinq milles au vent de l'Abraham-Lincoln. Malgré la distance, malgré le bruit du vent et de la mer, on entendait distinctement les formidables battements de queue de l'animal et jusqu'à sa respiration haletante. Il semblait qu'au moment où l'énorme narwal venait respirer à la surface de l'océan, l'air s'engouffrait dans ses poumons, comme fait la vapeur dans les vastes cylindres d'une machine de deux mille chevaux.

   Hacia las dos de la mañana reapareció con no menor intensidad el foco luminoso, a unas cinco millas a barlovento del Abraham Lincoln. A pesar de la distancia y de los ruidos del viento y del mar, se oían claramente los formidables coletazos del animal y hasta su jadeante y poderosa respiración. Se diría que en el momento en que el enorme narval ascendía a la superficie del océano para respirar, el aire se precipitaba en sus pulmones como el vapor en los vastos cilindros de una máquina de dos mil caballos.

   «Hum! pensai-je, une baleine qui aurait la force d'un régiment de cavalerie, ce serait une jolie baleine!»

   «¡Hum!, una ballena con la fuerza de un regimiento de caballería sería ya una señora ballena», pensé.

   On resta sur le qui-vive jusqu'au jour, et l'on se prépara au combat. Les engins de pêche furent disposés le long des bastingages. Le second fit charger ces espingoles qui lancent un harpon à une distance d'un mille, et de longues canardières à balles explosives dont la blessure est mortelle, même aux plus puissants animaux. Ned Land s'était contenté d'affûter son harpon, arme terrible dans sa main.

   Permanecimos alertas hasta el alba. Se iniciaron los preparativos de combate. Se dispusieron los aparejos de pesca a lo largo de las bordas. El segundo de a bordo hizo cargar las piezas que lanzan un arpón a una distancia de una milla y las que disparan balas explosivas cuyas heridas son mortales hasta para los más poderosos animales. Ned Land se había limitado a aguzar su arpón, que en sus manos se convertía en un arma terrible.

   A six heures, l'aube commença à poindre, et avec les premières lueurs de l'aurore disparut l'éclat électrique du narwal. A sept heures, le jour était suffisamment fait, mais une brume matinale très épaisse rétrécissait l'horizon, et les meilleures lorgnettes ne pouvaient la percer. De là, désappointement et colère.

   A las seis comenzó a despuntar el día, y con las primeras luces del alba desapareció el resplandor eléctrico del narval. A las siete era ya de día, pero una bruma matinal muy espesa, impenetrable para los mejores catalejos, limitaba considerablemente el horizonte, ante la cólera y la decepción de todos.

   Je me hissai jusqu'aux barres d'artimon. Quelques officiers s'étaient déjà perchés à la tête des mâts.

   Subí hasta la cofa de mesana. Algunos oficiales estaban ya encaramados en lo alto de los mástiles.

   A huit heures, la brume roula lourdement sur les flots, et ses grosses volutes se levèrent peu à peu. L'horizon s'élargissait et se purifiait à la fois.

   Soudain, et comme la veille, la voix de Ned Land se fit entendre.

   De repente, y al igual que en la víspera, se oyó la voz de Ned Land:

   «La chose en question, par bâbord derrière!» cria le harponneur.

   -¡La cosa en cuestión por babor, atrás!

   Tous les regards se dirigèrent vers le point indiqué.

   Todas las miradas convergieron en la dirección indicada.

   Là, à un mille et demi de la frégate, un long corps noirâtre émergeait d'un mètre au-dessus des flots. Sa queue, violemment agitée, produisait un remous considérable. Jamais appareil caudal ne battit la mer avec une telle puissance. Un immense sillage, d'une blancheur éclatante, marquait le passage de l'animal et décrivait une courbe allongée.

   A una milla y media de la fragata, un largo cuerpo negruzco emergía de las aguas en un metro, aproximadamente. Su cola, violentamente agitada, producía un considerable remolino. Jamás aparato caudal alguno había batido el mar con tal violencia. Un inmenso surco de blanca espuma describía una curva alargada que marcaba el paso del animal.

   La frégate s'approcha du cétacé. Je l'examinai en toute liberté d'esprit. Les rapports du Shannon et de l'Helvetia avaient un peu exagéré ses dimensions, et j'estimai sa longueur à deux cent cinquante pieds seulement. Quant à sa grosseur, je ne pouvais que difficilement l'apprécier; mais, en somme, l'animal me parut être admirablement proportionné dans ses trois dimensions.

   La fragata se aproximó al cetáceo, y pude observarlo con tranquilidad. Los informes del Shannon y del Helvetia habían exagerado un poco sus dimensiones. Yo estimé su longitud en unos doscientos cincuenta pies tan sólo. En cuanto a su grosor, no era fácil apreciarlo, pero, en suma, el animal me pareció admirablemente proporcionado en sus tres dimensiones.

   Pendant que j'observais cet être phénoménal, deux jets de vapeur et d'eau s'élancèrent de ses évents, et montèrent à une hauteur de quarante mètres, ce qui me fixa sur son mode de respiration. J'en conclus définitivement qu'il appartenait à l'embranchement des vertébrés, classe des mammifères, sous-classe des monodelphiens, groupe des pisciformes, ordre des cétacés, famille... Ici, je ne pouvais encore me prononcer. L'ordre des cétacés comprend trois familles: les baleines, les cachalots et les dauphins, et c'est dans cette dernière que sont rangés les narwals. Chacune de ces famille se divise en plusieurs genres, chaque genre en espèces, chaque espèce en variétés. Variété, espèce, genre et famille me manquaient encore, mais je ne doutais pas de compléter ma classification avec l'aide du ciel et du commandant Farragut.

   Mientras observaba aquel ser fenomenal, vi cómo lanzaba dos chorros de agua y de vapor por sus espiráculos hasta una altura de unos cuarenta metros. Eso me reveló su modo de respiración, y me permitió concluir definitivamente que pertenecía a los vertebrados, clase de los mamíferos, subclase de los monodelfos, grupo de los pisciformes, orden de los cetáceos, familia… En este punto no podía pronunciarme todavía. El orden de los cetáceos comprende tres familias: las ballenas, los cachalotes y los delfines, y es en esta última en la que se inscriben los narvales. Cada una de estas familias se divide en varios géneros, cada género en especies y cada especie en variedades. Variedad, especie, género y familia me faltaban aún pero no dudaba yo de que llegaría a completar mi clasificación, con la ayuda del cielo y del comandante Farragut.

   L'équipage attendait impatiemment les ordres de son chef. Celui-ci, après avoir attentivement observé l'animal, fit appeler l'ingénieur. L'ingénieur accourut.

   La tripulación esperaba impaciente las órdenes de su jefe Tras haber observado atentamente al animal, el comandante llamó al ingeniero, quien se presentó inmediatamente.

   «Monsieur, dit le commandant, vous avez de la pression?

   -¿Tiene suficiente presión? -le preguntó el comandante.

   — Oui, monsieur, répondit l'ingénieur.

   -Sí, señor -respondió el ingeniero.

   — Bien. Forcez vos feux, et à toute vapeur!»

   -Bien, refuerce entonces la alimentación, y a toda máquina.

   Trois hurrahs accueillirent cet ordre. L'heure de la lutte avait sonné. Quelques instants après, les deux cheminées de la frégate vomissaient des torrents de fumée noire, et le pont frémissait sous le tremblotement des chaudières.

   Tres hurras acogieron la orden. Había sonado la hora del combate. Unos instantes después, la dos chimeneas de la fragata vomitaban torrentes de humo negro y el puente se movía con la trepidación de las calderas.

   L'Abraham-Lincoln, chassé en avant par sa puissante hélice, se dirigea droit sur l'animal. Celui-ci le laissa indifféremment s'approcher à une demi-encablure; puis dédaignant de plonger, il prit une petite allure de fuite, et se contenta de maintenir sa distance.

   Impelido hacia adelante por su potente hélice, el Abraham Lincoln se dirigió frontalmente hacia el animal. Éste le dejó aproximarse, indiferente, hasta medio cable de distancia, tras lo cual se alejó sin prisa, limitándose a mantener su distancia sin tomarse la molestia de sumergirse.

   Cette poursuite se prolongea pendant trois quarts d'heure environ, sans que la frégate gagnât deux toises sur le cétacé Il était donc évident qu'à marcher ainsi, on ne l'atteindrait jamais

   La persecución se prolongó así durante tres cuartos de hora, aproximadamente, sin que la fragata consiguiera ganarle al cetáceo más de dos toesas. Era evidente que con esa marcha la fragata no le alcanzaría nunca.

   Le commandant Farragut tordait avec rage l'épaisse touffe de poils qui foisonnait sous son menton.

   El comandante Farragut se mesaba con rabia su frondosa perilla.

   «Ned Land?» cria-t-il.

   -¡Ned Land! -gritó.

   Le Canadien vint à l'ordre.

   Acudió a la orden el canadiense.

   «Eh bien, maître Land, demanda le commandant, me conseillez-vous encore de mettre mes embarcations à la mer?

   -¿Me aconseja todavía que eche mis botes al mar?

   — Non, monsieur, répondit Ned Land, car cette bête-là ne se laissera prendre que si elle le veut bien.

   -No, señor -respondió Ned Land-, pues esa bestia no se dejará atrapar si no quiere.

   — Que faire alors?

   -¿Qué hacer entonces?

   — Forcer de vapeur si vous le pouvez, monsieur. Pour moi, avec votre permission, s'entend, je vais m'installer sous les sous-barbes de beaupré, et si nous arrivons à longueur de harpon, je harponne.

   -Forzar las máquinas si es posible. Si usted me lo permite, yo voy a instalarme en los barbiquejos del bauprés y si conseguimos acercarnos a tiro de arpón, lo arponearé.

   — Allez, Ned, répondit le commandant Farragut. Ingénieur, cria-t-il, faites monter la pression.»

   -De acuerdo, Ned, hágalo -respondió el comandante Farragut-. ¡Ingeniero -gritó-, aumente la presión!

   Ned Land se rendit à son poste. Les feux furent plus activement poussés; l'hélice donna quarante-trois tours à la minute, et la vapeur fusa par les soupapes. Le loch jeté, on constata que l'Abraham-Lincoln marchait à raison de dix-huit milles cinq dixièmes à l'heure.

   Ned Land se dirigió a su puesto. Se forzaron las máquinas. La hélice comenzó a girar a cuarenta y tres revoluciones por minuto. El vapor se escapaba por las válvulas. Lanzada la corredera, se comprobó que el Abraham Líncoln había alcanzado una velocidad de dieciocho millas y cinco décimas por hora.

   Mais le maudit animal filait aussi avec une vitesse de dix-huit milles cinq dixièmes.

   Pero el maldito animal corría también a dieciocho millas y cinco décimas por hora.

   Pendant une heure encore, la frégate se maintint sous cette allure, sans gagner une toise! C'était humiliant pour l'un des plus rapides marcheurs de la marine américaine. Une sourde colère courait parmi l'équipage. Les matelots injuriaient le monstre, qui, d'ailleurs, dédaignait de leur répondre. Le commandant Farragut ne se contentait plus de tordre sa barbiche, il la mordait.

   Durante una hora aún, la fragata se mantuvo a esa velocidad, sin conseguir ganarle una toesa al animal, lo que era particularmente humillante para uno de los más rápidos navíos de la marina norteamericana. Una ira sorda embargó a la tripulación, que injuriaba al monstruo, sin que éste se dignara responder. El comandante Farragut no se retorcía ya la perilla, se la comía.

   L'ingénieur fut encore une fois appelé.

   El ingeniero se vio convocado de nuevo.

   «Vous avez atteint votre maximum de pression? Lui demanda le commandant.

   -¿Ha llegado usted al máximo de presión? -le preguntó el comandante.

   — Oui, monsieur, répondit l'ingénieur.

   -Sí, señor -respondió el ingeniero.

   — Et vos soupapes sont chargées?...

   -¿Y están cargadas las válvulas?

   — A six atmosphères et demie.

   -A seis atmósferas y media.

   — Chargez-les à dix atmosphères.»

   -Pues cárguelas a diez atmósferas.

   Voilà un ordre américain s'il en fut. On n'eût pas mieux fait sur le Mississippi pour distancer une «concurrence»!

   Una orden bien norteamericana, ciertamente. No se hubiera llegado más allá en el Mississippi en las competiciones de velocidad a que se entregan los vapores fluviales.

   «Conseil, dis-je à mon brave serviteur qui se trouvait près de moi, sais-tu bien que nous allons probablement sauter?

   -Conseil -dije a mi buen sirviente, que se hallaba a mi lado-, ¿te das cuenta de que muy probablemente vamos a saltar por los aires?

   — Comme il plaira à monsieur!» répondit Conseil.

   -Como el señor guste -respondió Conseil.

   Eh bien! je l'avouerai, cette chance, il ne me déplaisait pas de la risquer.

   Pues bien, debo confesar que, en mi excitación, no me importaba correr ese riesgo.

   Les soupapes furent chargées. Le charbon s'engouffra dans les fourneaux. Les ventilateurs envoyèrent des torrents d'air sur les brasiers. La rapidité de l'Abraham Lincoln s'accrut. Ses mâts tremblaient jusque dans leurs emplantures, et les tourbillons de fumée pouvaient à peine trouver passage par les cheminées trop étroites.

   Se cargaron las válvulas, se reforzó la alimentación de carbón y se activó el funcionamiento de los ventiladores sobre el fuego. Aumentó la velocidad del Abraham Lincoln hasta el punto de hacer temblar a los mástiles sobre sus carlingas. Las chimeneas eran demasiado estrechas para dar salida a las espesas columnas de humo.

   On jeta le loch une seconde fois.

   Se echó nuevamente la corredera.

   «Eh bien! timonier? demanda le commandant Farragut.

   -¿Y bien, timonel? -preguntó el comandante Farragut.

   — Dix neuf milles trois dixièmes, monsieur.

   -Diecinueve millas y tres décimas, señor.

   — Forcez les feux.»

   -¡Forzad los fuegos!

   L'ingénieur obéit. Le manomètre marqua dix atmosphères. Mais le cétacé «chauffa» lui aussi, sans doute, car, sans se gêner, il fila ses dix-neuf milles et trois dixièmes.

   El ingeniero obedeció. El manómetro marcó diez atmósferas. Pero el cetáceo acompasó nuevamente su velocidad a la del barco, a la de diecinueve millas y tres décimas.

   Quelle poursuite! Non, je ne puis décrire l'émotion qui faisait vibrer tout mon être. Ned Land se tenait à son poste, le harpon à la main. Plusieurs fois, l'animal se laissa approcher.

   ¡Qué persecución! No, imposible me es describir la emoción que hacía vibrar todo mi ser. Ned Land se mantenía en su puesto, preparado para lanzar su arpón. En varias ocasiones, el animal se dejó aproximar.

   «Nous le gagnons! nous le gagnons!» s'écria le Canadien.

   -¡Le ganamos terreno! -gritó el canadiense.

   Puis, au moment où il se disposait à frapper, le cétacé se dérobait avec une rapidité que je ne puis estimer à moins de trente milles à l'heure. Et même, pendant notre maximum de vitesse, ne se permit-il pas de narguer la frégate en en faisant le tour! Un cri de fureur s'échappa de toutes les poitrines!

   Pero en el momento en que se disponía al lanzamiento de su arpón, el cetáceo se alejaba, con una rapidez que no puedo por menos de estimar en unas treinta millas por hora. Y en alguna ocasión se permitió incluso ridiculizar a la fragata, impulsada al máximo de velocidad por sus máquinas, dando alguna que otra vuelta en torno suyo, lo que arrancó un grito de furor de todos nosotros.

   A midi, nous n'étions pas plus avancés qu'à huit heures du matin.

   A mediodía nos hallábamos, pues, en la misma situación que a las ocho de la mañana.

   Le commandant Farragut se décida alors à employer des moyens plus directs.

   El comandante Farragut se decidió entonces por el recurso a métodos más directos.

   «Ah! dit-il, cet animal-là va plus vite que l'Abraham-Lincoln! Eh bien: nous allons voir s'il distancera ses boulets coniques. Maître, des hommes à la pièce de l'avant.»

   -¡Ah! -exclamó-. Ese animal es más rápido que el Abraham Lincoln. Pues bien, vamos a ver si es más rápido también que nuestros obuses. ¡Contramaestre, artilleros a la batería de proa!

   Le canon de gaillard fut immédiatement chargé et braqué. Le coup partit, mais le boulet passa à quelques pieds au-dessus du cétacé, qui se tenait à un demi-mille.

   Inmediatamente se procedió a cargar y a apuntar el cañón de proa. Efectuado el primer disparo, el obús pasó a algunos pies por encima del cetáceo, que se mantenía a media milla de distancia.

   «A un autre plus adroit! cria le commandant, et cinq cents dollars à qui percera cette infernale bête!»

   -¡Otro con mejor puntería! gritó el comandante . ¡Quinientos dólares a quien sea capaz de atravesar a esa bestia infernal!

   Un vieux canonnier à barbe grise - que je vois encore - , l'oeil calme, la physionomie froide, s'approcha de sa pièce, la mit en position et visa longtemps. Une forte détonation éclata, à laquelle se mêlèrent les hurrahs de l'équipage.

   Un viejo artillero de barba canosa me parece estar viéndolo ahora con una expresión fría y tranquila en su semblante se acercó a la pieza, la situó en posición y la apuntó durante largo tiempo. La fuerte detonación fue seguida casi inmediatamente de los hurras de la tripulación.

   Le boulet atteignit son but, il frappa l'animal, mais non pas normalement, et glissant sur sa surface arrondie, il alla se perdre à deux milles en mer.

   El obús había dado en el blanco, pero no normalmente, pues tras golpear al animal se había deslizado por su superficie redondeada y se había perdido en el mar a unas dos millas.

   «Ah ça! dit le vieux canonnier, rageant, ce gueux-là est donc blindé avec des plaques de six pouces!

   -¡Ah!, ¡no es posible! -exclamó, rabioso, el viejo artillero-. ¡Ese maldito está blindado con planchas de seis pulgadas!

   — Malédiction!» s'écria le commandant Farragut.

   -¡Maldición! -exclamó el comandante Farragut.

   La chasse recommença, et le commandant Farragut se penchant vers moi, me dit:

   La persecución recomenzó, y el comandante Farragut, cerniéndose sobre mí, me dijo

   «Je poursuivrai l'animal jusqu'à ce que ma frégate éclate!

   -¡Voy a perseguir a ese animal hasta que estalle mi fragata!

   — Oui, répondis-je, et vous aurez raison!»

   -Sí -respondí-, tiene usted razón.

   On pouvait espérer que l'animal s'épuiserait, et qu'il ne serait pas indifférent à la fatigue comme une machine à vapeur. Mais il n'en fut rien. Les heures s'écoulèrent, sans qu'il donnât aucun signe d'épuisement.

   Podía esperarse que el animal se agotara, que no fuera indiferente a la fatiga como una máquina de vapor. Pero no fue así. Transcurrieron horas y horas sin que diera ninguna señal de fatiga.

   Cependant, il faut dire à la louange de l'Abraham-Lincoln qu'il lutta avec une infatigable ténacité. Je n'estime pas à moins de cinq cents kilomètres la distance qu'il parcourut pendant cette malencontreuse journée du 6 novembre! Mais la nuit vint et enveloppa de ses ombres le houleux océan.

   Hay que decir en honor del Abraham Lincoln que luchó con una infatigable tenacidad. No estimo en menos de quinientos kilómetros la distancia que recorrió nuestro barco durante aquella desventurada jornada del 6 de noviembre, hasta la llegada de la noche que sepultó en sus sombras las agitadas aguas del océano.

   En ce moment, je crus que notre expédition était terminée, et que nous ne reverrions plus jamais le fantastique animal. Je me trompais.

   En aquel momento creí llegado el fin de nuestra expedición, al pensar que nunca más habríamos de ver al fantástico animal. Pero me equivocaba.

   A dix heures cinquante minutes du soir, la clarté électrique réapparut, à trois milles au vent de la frégate, aussi pure, aussi intense que pendant la nuit dernière.

   A las diez horas y cincuenta minutos de la noche, reapareció la claridad eléctrica a unas tres millas a barlovento de la fragata, con la misma pureza e intensidad que en la noche anterior.

   Le narwal semblait immobile. Peut-être, fatigué de sa journée, dormait-il, se laissant aller à l'ondulation des lames? Il y avait là une chance dont le commandant Farragut résolut de profiter.

   El narval parecía inmóvil. ¿Tal vez, vencido por la fatiga, dormía, entregado a la ondulación de las olas? El comandante Farragut resolvió aprovechar la oportunidad que creyó ver en esa actitud del animal, y dio las órdenes en consecuencia. El Abraham Lincoln se acercó a él despacio, prudentemente, para no sobresaltar a su adversario.

   Il donna ses ordres. L'Abraham-Lincoln fut tenu sous petite vapeur, et s'avança prudemment pour ne pas éveiller son adversaire. Il n'est pas rare de rencontrer en plein océan des baleines profondément endormies que l'on attaque alors avec succès, et Ned Land en avait harponné plus d'une pendant son sommeil. Le Canadien alla reprendre son poste dans les sous-barbes du beaupré.

   No es raro encontrar en pleno océano a las ballenas sumidas en un profundo sueño, ocasión que es aprovechada con éxito por sus cazadores. Ned Land había arponeado a más de una en tal circunstancia.

El canadiense volvió a instalarse en los barbiquejos del bauprés.

   La frégate s'approcha sans bruit, stoppa à deux encablures de l'animal, et courut sur son erre. On ne respirait plus à bord. Un silence profond régnait sur le pont. Nous n'étions pas à cent pieds du foyer ardent, dont l'éclat grandissait et éblouissait nos yeux.

   La fragata se acercó silenciosamente, paró sus máquinas a unos dos cables del animal y continuó avanzando por su fuerza de inercia. Todo el mundo a bordo contenía la respiración. El silencio más profundo reinaba sobre el puente. Estábamos ya tan sólo a unos cien pies del foco ardiente, cuyo resplandor aumentaba deslumbrantemente.

   En ce moment, penché sur la lisse du gaillard d'avant je voyais au-dessous de moi Ned Land, accroché d'une main à la martingale, de l'autre brandissant son terrible harpon Vingt pieds à peine le séparaient de l'animal immobile.

   Inclinado sobre la batayola de proa veía yo por debajo de mí a Ned Land, quien, asido de una mano al moco del bauprés, blandía con la otra su terrible arpón. Apenas veinte pies le separaban ya del animal inmóvil.

   Tout d'un coup, son bras se détendit violemment, et le harpon fut lancé. J'entendis le choc sonore de l'arme, qui semblait avoir heurté un corps dur.

   De repente, Ned Land desplegó violentamente el brazo y lanzó el arpón. Oí el choque sonoro del arma, que parecía haber golpeado un cuerpo duro.

   La clarté électrique s'éteignit soudain, et deux énormes trombes d'eau s'abattirent sur le pont de la frégate, courant comme un torrent de l'avant à l'arrière, renversant les hommes, brisant les saisines des dromes.

   La claridad eléctrica se apagó súbitamente. Dos enormes trombas de agua se abatieron sobre el puente de la fragata y corrieron como un torrente de la proa a la popa, derribando a los hombres y rompiendo las trincas del maderamen.

   Un choc effroyable se produisit, et, lancé par-dessus la lisse, sans avoir le temps de me retenir, je fus précipité à la mer.

   Se produjo un choque espantoso y, lanzado por encima de la batayola, sin tiempo para agarrarme, fui precipitado al mar.