Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   VIII

   Capítulo 8

   LA BAIE DE VIGO

   La bahía de Vigo

   L'Atlantique! Vaste étendue d'eau dont la superficie couvre vingt-cinq millions de milles carrés, longue de neuf mille milles sur une largeur moyenne de deux mille sept cents. Importante mer presque ignorée des anciens, sauf peut-être des Carthaginois, ces Hollandais de l'antiquité, qui dans leurs pérégrinations commerciales suivaient les côtes ouest de l'Europe et de l'Afrique! Océan dont les rivages aux sinuosités parallèles embrassent un périmètre immense, arrosé par les plus grands fleuves du monde, le Saint-Laurent, le Mississipi, l'Amazone, la Plata, l'Orénoque, le Niger, le Sénégal, l'Elbe, la Loire, le Rhin, qui lui apportent les eaux des pays les plus civilisés et des contrées les plus sauvages! Magnifique plaine, incessamment sillonnée par les navires de toutes les nations, abritée sous tous les pavillons du monde, et que terminent ces deux pointes terribles, redoutées des navigateurs, le cap Horn et le cap des Tempêtes!

   ¡El Atlántico! Una vasta extensión de agua cuya superficie cubre veinticinco millones de millas cuadradas, con una longitud de nueve mil millas y una anchura media de dos mil setecientas millas. Mar importante, casi ignorado de los antiguos, salvo, quizá, de los cartagineses, esos holandeses de la Antigüedad, que en sus peregrinaciones comerciales costeaban el occidente de Europa y de África. Océano cuyas orillas de sinuosidades paralelas acotan un perímetro inmenso, regado por los más grandes ríos del mundo, el San Lorenzo, el Mississippi, el Amazonas, el Plata, el Orinoco, el Níger, el Senegal, el Elba, el Loira, el Rin, que le ofrendan las aguas de los países más civilizados y de las comarcas más salvajes. Llanura magnífica incesantemente surcada por navíos bajo pabellón de todas las naciones, acabada en esas dos puntas terribles, temidas de todos los navegantes, del cabo de Hornos y del cabo de las Tempestades.

   Le Nautilus en brisait les eaux sous le tranchant de son éperon, après avoir accompli près de dix mille lieues en trois mois et demi, parcours supérieur à l'un des grands cercles de la terre. Où allions-nous maintenant, et que nous réservait l'avenir?

   El Nautilus rompía sus aguas con el espolón, tras haber recorrido cerca de diez mil leguas en tres meses y medio, distancia superior a la de los grandes círculos de la Tierra.

¿Adónde ibamos ahora y qué es lo que nos reservaba el futuro?

   Le Nautilus, sorti du détroit de Gibraltar, avait pris le large. Il revint à la surface des flots, et nos promenades quotidiennes sur la plate-forme nous furent ainsi rendues.

   Al salir del estrecho de Gibraltar, el Nautilus se había adentrado en alta mar. Su retorno a la superficie del mar nos devolvió nuestros diarios paseos por la plataforma.

   J'y montai aussitôt accompagné de Ned Land et de Conseil. A une distance de douze milles apparaissait vaguement le cap Saint-Vincent qui forme la pointe sud-ouest de la péninsule hispanique. Il ventait un assez fort coup de vent du sud. La mer était grosse, houleuse. Elle imprimait de violentes secousses de roulis au Nautilus. Il était presque impossible de se maintenir sur la plate-forme que d'énormes paquets de mer battaient à chaque instant. Nous redescendîmes donc après avoir humé quelques bouffées d'air.

   Subí acompañado de Ned y de Conseil. A una distancia de doce millas se veía vagamente el cabo de San Vicente que forma la punta sudoccidental de la península hispánica. El viento soplaba fuerte del Sur. La mar, gruesa y dura, imprimía un violento balanceo al Nautilus. Era casi imposible mantenerse en pie sobre la plataforma batida por el oleaje. Hubimos de bajar en seguida tras haber aspirado algunas bocanadas de aire.

   Je regagnai ma chambre. Conseil revint à sa cabine mais le Canadien, l'air assez préoccupé, me suivit. Notre rapide passage à travers la Méditerranée ne lui avait pas permis de mettre ses projets à exécution, et il dissimulait peu son désappointement.

   Me dirigí a mi camarote y Conseil al suyo, pero el canadiense, que parecía estar muy preocupado, me siguió. Nuestra rápida travesía del Mediterráneo no le había permitido dar ejecución a sus proyectos de evasión y no se molestaba en disimular su enojo.

   Lorsque la porte de ma chambre fut fermée, il s'assit et me regarda silencieusement.

   Tras cerrar la puerta de mi camarote, se sentó y me miró en silencio.

   «Ami Ned, lui dis-je, je vous comprends, mais vous n'avez rien à vous reprocher. Dans les conditions ou naviguait le Nautilus, songer à le quitter eût été de la folie!»

   -Le comprendo, amigo mío, pero no tiene nada que reprocharse. Tratar de abandonar el Nautilus, en las condiciones en que navegaba, hubiera sido una locura.

   Ned Land ne répondit rien. Ses lèvres serrées, ses sourcils froncés, indiquaient chez lui la violente obsession d'une idée fixe.

   No me respondió Ned Land. Sus labios apretados y su ceño fruncido indicaban en él la coercitiva obsesión de la idea fija.

   «Voyons, repris-je, rien n'est désespéré encore. Nous remontons la côte du Portugal. Non loin sont la France, l'Angleterre, où nous trouverions facilement un refuge. Ah! si le Nautilus, sorti du détroit de Gibraltar, avait mis le cap au sud, s'il nous eût entraînés vers ces régions à les continents manquent, je partagerais vos inquiétudes. Mais, nous le savons maintenant, le capitaine Nemo ne fuit pas les mers civilisées, et dans quelques jours, je crois que vous pourrez agir avec quelque sécurité.»

   -Veamos, Ned, nada está aún perdido. Estamos cerca de las costas de Portugal. No están muy lejos de Francia ni Inglaterra, donde podríamos hallar fácilmente refugio. Si el Nautilus hubiera puesto rumbo al Sur, al salir del estrecho de Gibraltar, yo compartiría su inquietud. Pero sabemos ya que el capitán Nemo no rehúye los mares civilizados. Dentro de unos días podrá actuar usted con alguna seguridad.

   Ned Land me regarda plus fixement encore, et desserrant enfin les lèvres:

   Ned Land me miró con mayor fijeza aún y por fin despegó los labios.

   «C'est pour ce soir», dit-il.

   -Será esta noche -dijo.

   Je me redressai subitement. J'étais, je l'avoue, peu préparé à cette communication. J'aurais voulu répondre au Canadien, mais les mots ne me vinrent pas.

   Di un respingo, al oírle eso. No estaba yo preparado, lo confieso, para semejante comunicación. Hubiera querido responderle, pero me faltaron las palabras.

   «Nous étions convenus d'attendre une circonstance reprit Ned Land. La circonstance, je la tiens. Ce soir, nous ne serons qu'à quelques milles de la côte espagnole. La nuit est sombre. Le vent souffle du large. J'ai votre parole, monsieur Aronnax, et je compte sur vous.»

   -Habíamos convenido esperar una circunstancia favorable -dijo Ned Land-. Esa circunstancia ha llegado. Esta noche estaremos a unas pocas millas de la costa española. La noche será oscura y el viento favorable. Tengo su palabra, señor Aronnax, y cuento con usted.

   Comme je me taisais toujours, le Canadien se leva, et se rapprochant de moi:

   Yo continuaba callado. El canadiense se levantó y se acerco a mí.

   «Ce soir, à neuf heures, dit-il. J'ai prévenu Conseil. A ce moment-là, le capitaine Nemo sera enfermé dans sa chambre et probablement couché. Ni les mécaniciens, ni les hommes de l'équipage ne peuvent nous voir. Conseil et moi, nous gagnerons l'escalier central. Vous, monsieur Aronnax, vous resterez dans la bibliothèque à deux pas de nous, attendant mon signal. Les avirons, le mât et la voile sont dans le canot. Je suis même parvenu à y porter quelques provisions. Je me suis procuré une clef anglaise pour dévisser les écrous qui attachent le canot à la coque du Nautilus. Ainsi tout est prêt. A ce soir.

   -Esta noche a las nueve -dijo-. He avisado ya a Conseil. A esa hora el capitán Nemo estará encerrado en su camarote y probablemente acostado. Ni los mecánicos ni los hombres de la tripulación podrán vernos. Conseil y yo iremos a la escalera central. Usted, señor Aronnax, permanecerá en la biblioteca, a dos pasos de nosotros, a la espera de mi señal. Los remos, el mástil y la vela están ya en la canoa, donde tengo ya incluso algunos víveres. Me he procurado una llave inglesa para quitar las tuercas que fijan el bote al casco del Nautílus. Todo está, pues, dispuesto. Hasta la noche.

   — La mer est mauvaise, dis-je.

   -La mar está muy dura -dije.

   — J'en conviens, répond le Canadien, mais il faut risquer cela. La liberté vaut qu'on la paye. D'ailleurs, l'embarcation est solide, et quelques milles avec un vent qui porte ne sont pas une affaire. Qui sait si demain nous ne serons pas à cent lieues au large? Que les circonstances nous favorisent, et entre dix et onze heures, nous serons débarqués sur quelque point de la terre ferme ou morts. Donc, à la grâce de Dieu et à ce soir!»

   -Sí-, es cierto, pero habrá que arriesgarse. Ése será el precio de la libertad y hay que pagarlo. Vale la pena. Además, la embarcación es sólida y unas pocas millas, con el viento a nuestro favor, no serán un obstáculo de monta. ¿Quién sabe si mañana el Nautilus estará a cien millas, en alta mar? Si las circunstancias nos favorecen, entre las diez y las once estaremos en tierra firme, o habremos muerto. Así, pues, a la gracia de Dios y hasta esta noche.

   Sur ce mot, le Canadien se retira, me laissant presque abasourdi. J'avais imaginé que, le cas échéant, j'aurais eu le temps de réfléchir, de discuter. Mon opiniâtre compagnon ne me le permettait pas. Que lui aurais-je dit, après tout? Ned Land avait cent fois raison. C'était presque une circonstance, il en profitait. Pouvais-je revenir sur ma parole et assumer cette responsabilité de compromettre dans un intérêt tout personnel l'avenir de mes compagnons? Demain, le capitaine Nemo ne pouvait-il pas nous entraîner au large de toutes terres?

   El canadiense se retiró, dejándome aturdido. Yo había pensado que cuando llegara el momento tendría tiempo de reflexionar y de discutir. Pero mi obstinado compañero no me lo permitía. Después de todo, ¿qué hubiera podido decirle? Ned Land tenía sobrada razón de querer aprovechar la oportunidad. ¿Podía yo faltar a mi palabra y asumir la responsabilidad de comprometer el porvenir de mis compañeros por mi interés personal? ¿No era acaso muy probable que el capitán Nemo nos llevara al día siguiente lejos de toda tierra?

   En ce moment, un sifflement assez fort m'apprit que les réservoirs se remplissaient, et le Nautilus s'enfonça sous les flots de l'Atlantique.

   Un fuerte silbido me anunció en aquel momento que se estaban llenando los depósitos y que el Nautilus se sumergía.

   Je demeurai dans ma chambre. Je voulais éviter le capitaine pour cacher à ses yeux l'émotion qui me dominait. Triste Journée que je passai ainsi, entre le désir de rentrer en possession de mon libre arbitre et le regret d'abandonner ce merveilleux Nautilus, laissant inachevées mes études sous-marines! Quitter ainsi cet océan, «mon Atlantique», comme je me plaisais à le nommer, sans en avoir observé les dernières couches, sans lui avoir dérobé ces secrets que m'avaient révélés les mers des Indes et du Pacifique! Mon roman me tombait des mains dès le premier volume, mon rêve s'interrompait au plus beau moment! Quelles heures mauvaises s'écoulèrent ainsi, tantôt me voyant en sûreté, à terre, avec mes compagnons, tantôt souhaitant, en dépit de ma raison, que quelque circonstance imprévue empêchât la réalisation des projets de Ned Land.

   Permanecí en mi camarote. Deseaba evitar al capitán para ocultar a sus ojos la emoción que me embargaba. Triste jornada la que así pasé, entre el deseo de recuperar la posesión de mi libre arbitrio y el pesar de abandonar ese maravilloso Nautilus y de dejar inacabados mis estudios submarinos. ¡Dejar así ese océano, «mi Atlántico», como yo me complacía en llamarle, sin haber observado sus fondos, sin robarle esos secretos que me habían revelado los mares de la India y del Pacífico! Mi novela caía de mis manos en el primer volumen, mi sueño se interrumpía en el mejor momento. ¡Qué difíciles fueron las horas que pasé así, ya viéndome sano y salvo, en tierra, con mis compañeros, ya deseando, contra toda razón, que alguna circunstancia imprevista impidiera la realización de los proyectos de Ned Land!

   Deux fois je vins au salon. Je voulais consulter le compas. Je voulais voir si la direction du Nautilus nous rapprochait, en effet, ou nous éloignait de la côte. Mais non. Le Nautilus se tenait toujours dans les eaux portugaises. Il pointait au nord en prolongeant les rivages de l'Océan.

   Por dos veces fui al salón para consultar el compás. Quería ver si la dirección del Nautilus nos acercaba a la costa o nos alejaba de ella. Seguíamos en aguas portuguesas, rumbo al Norte.

   Il fallait donc en prendre son parti et se préparer à fuir. Mon bagage n'était pas lourd. Mes notes, rien de plus.

   Había que decidirse y disponerse a partir. Bien ligero era mi equipaje. Mis notas, únicamente.

   Quant au capitaine Nemo, je me demandai ce qu'il penserait de notre évasion, quelles inquiétudes, quels torts peut-être elle lui causerait, et ce qu'il ferait dans le double cas où elle serait ou révélée ou manquée! Sans doute je n'avais pas à me plaindre de lui, au contraire. Jamais hospitalité ne fut plus franche que la sienne. En le quittant, je ne pouvais être taxé d'ingratitude. Aucun serment ne nous liait à lui. C'était sur la force des choses seule qu'il comptait et non sur notre parole pour nous fixer à jamais auprès de lui. Mais cette prétention hautement avouée de nous retenir éternellement prisonniers à son bord justifiait toutes nos tentatives.

   Me preguntaba yo qué pensaría el capitán Nemo de nuestra evasión, qué inquietudes y qué perjuicios le causaría tal vez, así como lo que haría en el doble caso de que resultara descubierta o fallida. No podía yo quejarme de él, muy al contrario. ¿Dónde hubiera podido hallar una hospitalidad más franca que la suya? Cierto es que al abandonarle no podía acusárseme de ingratitud. Ningún juramento nos ligaba a él. No era con nuestra palabra con lo que él contaba para tenernos siempre junto a sí, sino con la fuerza de las cosas. Pero esa declarada pretensión de retenernos a bordo eternamente, como prisioneros, justificaba todas nuestras tentativas.

   Je n'avais pas revu le capitaine depuis notre visite à l'île de Santorin. Le hasard devait-il me mettre en sa présence avant notre départ? Je le désirais et je le craignais tout à la fois. J'écoutai si je ne l'entendrais pas marcher dans sa chambre contiguë à la mienne. Aucun bruit ne parvint à mon oreille. Cette chambre devait être déserte.

   No había vuelto a ver al capitán desde nuestra visita a la isla de Santorin. ¿Me pondría el azar en su presencia antes de nuestra partida? Lo deseaba y lo temía a la vez. Me puse a la escucha de todo ruido procedente de su camarote, contiguo al mío, pero no oí nada. Su camarote debía estar vacío.

   Alors j'en vins à me demander si cet étrange personnage était à bord. Depuis cette nuit pendant laquelle le canot avait quitté le Nautilus pour un service mystérieux, mes idées s'étaient, en ce qui le concerne, légèrement modifiées. Je pensais, bien qu'il eût pu dire, que le capitaine Nemo devait avoir conservé avec la terre quelques relations d'une certaine espèce. Ne quittait-il jamais le Nautilus? Des semaines entières s'étaient souvent écoulées sans que je l'eusse rencontré. Que faisait-il pendant ce temps, et alors que je le croyais en proie à des accès de misanthropie, n'accomplissait-il pas au loin quelque acte secret dont la nature m'échappait jusqu'ici?

   Se me ocurrió pensar entonces si se hallaría a bordo el extraño personaje. Desde aquella noche en que la canoa había abandonado al Nautilus en una misteriosa expedición, mis ideas sobre él se habían modificado ligeramente. Después de aquello, pensaba que el capitán Nemo, dijera lo que dijese, debía haber conservado con la tierra algunas relaciones. ¿Sería cierto que no abandonaba nunca el Nautilus? Habían pasado semanas enteras sin que yo le viera. ¿Qué hacía durante ese tiempo? Mientras yo le había creído presa de un acceso de misantropía, ¿no habría estado realizando, lejos de allí, alguna acción secreta cuya naturaleza me era totalmente desconocida?

   Toutes ces idées et mille autres m'assaillirent à la fois. Le champ des conjectures ne peut être qu'infini dans l'étrange situation où nous sommes. J'éprouvais un malaise insupportable. Cette journée d'attente me semblait éternelle. Les heures sonnaient trop lentement au gré de mon impatience.

   Estas y otras muchas ideas me asaltaron a la vez. En la extraña situación en que me hallaba, el campo de conjeturas era infinito. Sentía yo un malestar insoportable. La espera me parecía eterna. Las horas pasaban demasiado lentamente para mi impaciencia.

   Mon dîner me fut comme toujours servi dans ma chambre. Je mangeai mal, étant trop préoccupé. Je quittai la table à sept heures. Cent vingt minutes — je les comptais — me séparaient encore du moment où je devais rejoindre Ned Land. Mon agitation redoublait. Mon pouls battait avec violence. Je ne pouvais rester immobile. J'allais et venais, espérant calmer par le mouvement le trouble de mon esprit. L'idée de succomber dans notre téméraire entreprise était le moins pénible de mes soucis; mais à la pensée de voir notre projet découvert avant d'avoir quitté le Nautilus, à la pensée d'être ramené devant le capitaine Nemo irrité, ou, ce qui eût été pis, contristé de mon abandon, mon coeur palpitait.

   Me sirvieron, como siempre, la cena en mi camarote, y comí mal, por estar demasiado preocupado. Me levanté de la mesa a las siete. Ciento veinte minutos -que habría de contar uno a uno -me separaban aún del momento en que debía unirme a Ned Land. Mi agitación crecía y me latían los pulsos con fuerza. No podía permanecer inmóvil. Iba y venía, esperando calmar mi turbación con el movimiento. La idea de sucumbir en nuestra temeraria empresa era la menor de mis preocupaciones. Lo que me hacía estremecerme, lo que agitaba los latidos de mi corazón, era el temor de ver descubierto nuestro proyecto antes de dejar el Nautilus o la idea de vernos llevados ante el capitán Nemo, irritado o, lo que hubiera sido peor, entristecido por mi abandono.

   Je voulus revoir le salon une dernière fois. Je pris par les coursives, et j'arrivai dans ce musée où j'avais passé tant d'heures agréables et utiles. Je regardai toutes ces richesses, tous ces trésors, comme un homme à la veille d'un éternel exil et qui part pour ne plus revenir. Ces merveilles de la nature, ces chefs-d'oeuvre de l'art, entre lesquels depuis tant de jours se concentrait ma vie, j'allais les abandonner pour jamais. J'aurais voulu plonger mes regards par la vitre du salon à travers les eaux de l'Atlantique; mais les panneaux étaient hermétiquement fermés et un manteau de tôle me séparait de cet Océan que je ne connaissais pas encore.

   Quise ver el salón por última vez. Me adentré por el corredor y llegué al museo en que había pasado tantas horas, tan agradables como útiles. Miré todas aquellas riquezas, todos aquellos tesoros, como un hombre en vísperas de un exilio eterno, que parte para nunca más volver. Iba yo a abandonar para siempre aquellas maravillas de la naturaleza y aquellas obras maestras del arte entre las que había vivido tantos días. Hubiera querido hundir mis miradas en el Atlántico a través de los cristales, pero los paneles de acero los recubrían herméticamente, separándome de ese océano que no conocía aún.

   En parcourant ainsi le salon, j'arrivai près de la porte, ménagée dans le pan coupé, qui s'ouvrait sur la chambre du capitaine. A mon grand étonnement, cette porte était entrebâillée. Je reculai involontairement. Si le capitaine Nemo était dans sa chambre, il pouvait me voir. Cependant, n'entendant aucun bruit, je m'approchai. La chambre était déserte. Je poussai la porte. Je fis quelques pas à l'intérieur. Toujours le même aspect sévère, cénobitique.

   Recorrí el salón y llegué cerca de la puerta que lo comunicaba con el camarote del capitán. Vi con sorpresa que la puerta estaba entreabierta. Retrocedí instintivamente. Si el capitán Nemo se hallaba en su camarote podía verme. Pero al no oír ningún ruido me acerqué. El camarote estaba vacío. Empujé la puerta y pasé al interior, que presentaba como siempre el mismo aspecto severo, cenobial.

   En cet instant, quelques eaux-fortes suspendues à la paroi et que je n'avais pas remarquées pendant ma première visite, frappèrent mes regards. C'étaient des portraits, des portraits de ces grands hommes historiques dont l'existence n'a été qu'un perpétuel dévouement à une grande idée humaine, Kosciusko, le héros tombé au cri de Finis Polonioe, Botzaris, le Léonidas de la Grèce moderne, O'Connell, le défenseur de l'Irlande, Washington, le fondateur de l'Union américaine, Manin, le patriote italien, Lincoln, tombé sous la balle d'un esclavagiste, et enfin, ce martyr de l'affranchissement de la race noire, John Brown, suspendu à son gibet, tel que l'a si terriblement dessiné le crayon de Victor Hugo.

   Llamaron mi atención unos aguafuertes colgados en la pared que no había observado durante mi primera visita. Eran retratos, retratos de esos grandes hombres históricos cuya existencia no ha sido más que una permanente y abnegada entrega a un gran ideal: Kosciusko, el héroe caído al grito de Finis Poloniae; Botzaris, el Leónidas de la Grecia moderna; O'Connell, el defensor de Irlanda; Washington, el fundador de la Unión americana; Manin, el patriota italiano; Lincoln, asesinado a tiros por un esclavista, y, por último, el mártir de la liberación de la raza negra, John Brown, colgado en la horca, tal como lo dibujó tan terriblemente el lápiz de Victor Hugo.

   Quel lien existait-il entre ces âmes héroïques et l'âme du capitaine Nemo? Pouvais-je enfin, de cette réunion de portraits, dégager le mystère de son existence? Était-il le champion des peuples opprimés, le libérateur des races esclaves? Avait-il figuré dans les dernières commotions politiques ou sociales de ce siècle. Avait-il été l'un des héros de la terrible guerre américaine, guerre lamentable et à jamais glorieuse?...

   ¿Qué lazo existía entre aquellas almas heroicas y la del capitán Nemo? ¿Desvelaba tal vez aquella colección de retratos el misterio de su existencia? ¿Era tal vez el capitán Nemo un campeón de los pueblos oprimidos, un liberador de las razas esclavas? ¿Había participado en las últimas conmociones políticas y sociales del siglo? ¿Había sido tal vez uno de los héroes de la terrible guerra americana, guerra lamentable y para siempre gloriosa?

   Tout à coup l'horloge sonna huit heures. Le battement du premier coup de marteau sur le timbre m'arracha à mes rêves. Je tressaillis comme si un oeil invisible eût pu plonger au plus secret de mes pensées, et je me précipitai hors de la chambre.

   Sonaron las ocho en el reloj, y el primer golpe sobre el timbre me arrancó a mis pensamientos. Me sobresalté como si un ojo invisible hubiese penetrado en lo más profundo de mi ser, y me precipité fuera del camarote.

   Là, mes regards s'arrêtèrent sur la boussole. Notre direction était toujours au nord. Le loch indiquait une vitesse modérée, le manomètre, une profondeur de soixante pieds environ. Les circonstances favorisaient donc les projets du Canadien.

   Mi mirada se detuvo en la brújula. Nuestra dirección continuaba siendo el Norte. La corredera indicaba una velocidad moderada, y el manómetro una profundidad de unos sesenta pies. Las circunstancias favorecían, pues, los proyectos del canadiense.

   Je regagnai ma chambre. Je me vêtis chaudement, bottes de mer, bonnet de loutre, casaque de byssus doublée de peau de phoque. J'étais prêt. J'attendis. Les frémissements de l'hélice troublaient seuls le silence profond qui régnait à bord. J'écoutais, je tendais l'oreille. Quelque éclat de voix ne m'apprendrait-il pas, tout à coup, que Ned Land venait d'être surpris dans ses projets d'évasion? Une inquiétude mortelle m'envahit. J'essayai vainement de reprendre mon sang-froid.

   Regresé a mi camarote. Me vestí con la casaca de biso forrada de piel de foca y el gorro de piel de nutria y me puse las botas de mar. Ya dispuesto, esperé. Tan sólo el rumor de la hélice rompía el profundo silencio que reinaba a bordo. Yo tendía la oreja, a la escucha, al acecho de alguna voz que pudiera indicar el descubrimiento del plan de evasión de Ned Land. Me sobrecogía una inquietud mortal. En vano trataba de recuperar mi sangre fría.

   A neuf heures moins quelques minutes, je collai mon oreille près de la porte du capitaine. Nul bruit. Je quittai ma chambre, et je revins au salon qui était plongé dans une demi-obscurité, mais désert.

   A las nueve menos unos minutos me puse a la escucha del camarote del capitán. No oí el más mínimo ruido. Salí de mi camarote y fui al salón, que estaba vacío y en semipenumbra.

   J'ouvris la porte communiquant avec la bibliothèque. Même clarté insuffisante, même solitude. J'allai me poster près de la porte qui donnait sur la cage de l'escalier central. J'attendis le signal de Ned Land.

   Abrí la puerta que comunicaba con la biblioteca. Ésta se hallaba también vacía y en la misma penumbra. Me aposté cerca de la puerta que daba a la caja de la escalera central, y allí esperé la señal de Ned Land.

   En ce moment, les frémissements de l'hélice diminuèrent sensiblement, puis ils cessèrent tout à fait. Pourquoi ce changement dans les allures du Nautilus? Cette halte favorisait-elle ou gênait-elle les desseins de Ned Land, je n'aurais pu le dire.

   En aquel momento, el rumor de la hélice disminuyó sensiblemente hasta cesar por completo. ¿Cuál era la causa de ese cambio en la marcha del Nautilus? No me era posible saber si aquella parada favorecía o perjudicaba a los designios de Ned Land.

   Le silence n'était plus troublé que par les battements de mon coeur.

   Tan sólo los latidos de mi corazón turbaban ya el silencio.

   Soudain, un léger choc se fit sentir. Je compris que le Nautilus venait de s'arrêter sur le fond de l'océan. Mon inquiétude redoubla. Le signal du Canadien ne m'arrivait pas. J'avais envie de rejoindre Ned Land pour l'engager à remettre sa tentative. Je sentais que notre navigation ne se faisait plus dans les conditions ordinaires...

   Súbitamente, se sintió un ligero choque, que me hizo comprender que el Nautilus acababa de tocar fondo. Mi inquietud se redobló en intensidad. No me Regaba la señal del canadiense. Sentí el deseo de hablar con Ned Land para instarle a aplazar su tentativa. Me daba cuenta de que nuestra navegación no se hacía ya en condiciones normales.

   En ce moment, la porte du grand salon s'ouvrit, et le capitaine Nemo parut. Il m'aperçut, et, sans autre préambule:

   En aquel momento se abrió la puerta del gran salón para dar paso al capitán Nemo. Al verme, y sin más preámbulos, me dijo:

   «Ah! Monsieur le professeur, dit-il d'un ton aimable, je vous cherchais. Savez-vous votre histoire d'Espagne?»

   -¡Ah!, señor profesor, le estaba buscando. ¿Conoce usted la historia de España?

   On saurait à fond l'histoire de son propre pays que, dans les conditions où je me trouvais, l'esprit troublé, la tête perdue, on ne pourrait en citer un mot.

   Aun conociendo a fondo la historia de su propio país, en las circunstancias en que yo me hallaba, turbado el espíritu y perdida la cabeza, imposible hubiera sido citar una sola palabra.

   «Eh bien? reprit le capitaine Nemo, vous avez entendu ma question? Savez-vous l'histoire d'Espagne?

   -¿Me ha oído? -dijo el capitán Nemo-. Le he preguntado si conoce la historia de España.

   — Très mal, répondis-je.

   -Poco y mal -respondí.

   — Voilà bien les savants, dit le capitaine ils ne savent pas. Alors, asseyez-vous, ajouta-t-il, et je vais vous raconter un curieux épisode de cette histoire.»

   -Así son los sabios. No saben. Bien, siéntese, que le voy a contar un curioso episodio de esa historia.

   Le capitaine s'étendit sur un divan, et, machinalement, je pris place auprès de lui, dans la pénombre.

   El capitán se sentó en un diván y, maquinalmente, me instalé a su lado, en la penumbra.

   «Monsieur le professeur, me dit-il, écoutez-moi bien. Cette histoire vous intéressera par un certain côté, car elle répondra à une question que sans doute vous n'avez pu résoudre.

   -Señor profesor, escúcheme bien, pues esta historia le interesará en algún aspecto, por responder a una cuestión que sin duda no ha podido usted resolver.

   — Je vous écoute, capitaine, dis-je, ne sachant où mon interlocuteur voulait en venir, et me demandant si cet incident se rapportait à nos projets de fuite.

   -Le escucho, capitán -le dije, no sabiendo bien adónde quería ir a parar y preguntándome si tendría aquello relación con nuestro proyecto de evasión.

   — Monsieur le professeur, reprit le capitaine Nemo, si vous le voulez bien, nous remonterons à 1702. Vous n'ignorez pas qu'à cette époque, votre roi Louis XIV, croyant qu'il suffisait d'un geste de potentat pour faire rentrer les Pyrénées sous terre, avait imposé le duc d'Anjou, son petit-fils, aux Espagnols. Ce prince, qui régna plus ou moins mal sous le nom de Philippe V, eut affaire, au-dehors, à forte partie.

   -Señor profesor, si no le parece mal nos remontaremos a 1702. No ignora usted que en esa época, vuestro rey Luis XIV, creyendo que bastaba con un gesto de potentado para enterrar los Pirineos, había impuesto a los españoles a su nieto el duque de Anjou. Este príncipe, que reinó más o menos mal bajo el nombre de Felipe V, tuvo que hacer frente a graves dificultades exteriores.

   «En effet, l'année précédente, les maisons royales de Hollande, d'Autriche et d'Angleterre, avaient conclu à la Haye un traité d'alliance, dans le but d'arracher la couronne d'Espagne à Philippe V, pour la placer sur la tête d'un archiduc, auquel elles donnèrent prématurément le nom de Charles III.

   »En efecto, el año anterior, las casas reales de Holanda, de Austria y de Inglaterra habían concertado en La Haya un tratado de alianza, con el fin de arrancar la corona de España a Felipe V para depositarla en la cabeza de un archiduque al que prematuramente habían dado el nombre de Carlos III.

   «L'Espagne dut résister à cette coalition. Mais elle était à peu près dépourvue de soldats et de marins. Cependant, l'argent ne lui manquait pas, à la condition toutefois que ses galions, chargés de l'or et de l'argent de l'Amérique, entrassent dans ses ports. Or, vers la fin de 1702, elle attendait un riche convoi que la France faisait escorter par une flotte de vingt-trois vaisseaux commandés par l'amiral de Château-Renaud, car les marines coalisées couraient alors l'Atlantique.

   »España hubo de resistir a esa coalición, casi desprovista de soldados y de marinos. Pero no le faltaba el dinero, a condición, sin embargo, de que sus galeones, cargados del oro y la plata de América, pudiesen entrar en sus puertos. Hacia el fin de 1702, España esperaba un rico convoy que Francia hizo escoltar por una flota de veintitrés navíos bajo el mando del almirante Cháteau Renault, para protegerlo de las correrías por el Atlántico de las armadas de la coalición.

   «Ce convoi devait se rendre à Cadix, mais l'amiral, ayant appris que la flotte anglaise croisait dans ces parages, résolut de rallier un port de France.

   »El convoy debía ir a Cádiz, pero el almirante, conocedor de que la flota inglesa surcaba esos parajes, decidió dirigirlo a un puerto de Francia.

   «Les commandants espagnols du convoi protestèrent contre cette décision. Ils voulurent être conduits dans un port espagnol, et, à défaut de Cadix, dans la baie de Vigo, située sur la côte nord-ouest de l'Espagne, et qui n'était pas bloquée.

   »Tal decisión suscitó la oposición de los marinos españoles, que deseaban dirigirse a un puerto de su país, y que propusieron, a falta de Cádiz, ir a la bahía de Vigo, al noroeste de España, que no se hallaba bloqueada.

   «L'amiral de Château-Renaud eut la faiblesse d'obéir à cette injonction, et les galions entrèrent dans la baie de Vigo.

   »El almirante de Cháteau Renault tuvo la debilidad de plegarse a esta imposición, y los galeones entraron en la bahía de Vigo.

   «Malheureusement cette baie forme une rade ouverte qui ne peut être aucunement défendue. Il fallait donc se hâter de décharger les galions avant l'arrivée des flottes coalisées, et le temps n'eût pas manqué à ce débarquement, si une misérable question de rivalité n'eût surgi tout à coup.

   »Desgraciadamente, esta bahía forma una rada abierta y sin defensa. Necesario era, pues, apresurarse a descargar los galeones antes de que pudieran llegar las flotas coaligadas, y no hubiera faltado el tiempo para el desembarque si no hubiera estallado una miserable cuestión de rivalidades.

   «Vous suivez bien l'enchaînement des faits? me demanda le capitaine Nemo.

   »¿Va siguiendo usted el encadenamiento de los hechos?

   — Parfaitement, dis-je, ne sachant encore à quel propos m'était faite cette leçon d'histoire.

   -Perfectamente -respondí, no sabiendo aún con qué motivos me estaba dando esa lección de historia.

   — Je continue. Voici ce qui se passa. Les commerçants de Cadix avaient un privilège d'après lequel ils devaient recevoir toutes les marchandises qui venaient des Indes occidentales. Or, débarquer les lingots des galions au port de Vigo, c'était aller contre leur droit. Ils se plaignirent donc à Madrid, et ils obtinrent du faible Philippe V que le convoi, sans procéder à son déchargement, resterait en séquestre dans la rade de Vigo jusqu'au moment où les flottes ennemies se seraient éloignées.

   -Continúo, pues. He aquí lo que ocurrió. Los comerciantes de Cádiz tenían el privilegio de ser los destinatarios de todas las mercancías procedentes de las Indias occidentales. Desembarcar los lingotes de los galeones en el puerto de Vigo era ir contra su derecho. Por ello, se quejaron en Madrid y obtuvieron del débil Felipe V que el convoy, sin proceder a su descarga, permaneciera embargado en la rada de Vigo hasta que se hubieran alejado las flotas enemigas.

   «Or, pendant que l'on prenait cette décision, le 22 octobre 1702, les vaisseaux anglais arrivèrent dans la baie de Vigo. L'amiral de Château-Renaud, malgré ses forces inférieures, se battit courageusement. Mais quand il vit que les richesses du convoi allaient tomber entre les mains des ennemis, il incendia et saborda les galions qui s'engloutirent avec leurs immenses trésors.»

   »Pero, mientras se tomaba esa decisión, la flota inglesa hacía su aparición en la bahía de Vigo el 22 de octubre de 1702. Pese a su inferioridad material, el almirante de Cháteau Renault se batió valientemente. Pero cuando vio que las riquezas del convoy iban a caer entre las manos del enemigo, incendió y hundió los galeones, que se sumergieron con sus inmensos tesoros.

   Le capitaine Nemo s'était arrêté. Je l'avoue, je ne voyais pas encore en quoi cette histoire pouvait m'intéresser.

   El capitán Nemo pareció haber concluido su relato que, lo confieso, no veía yo en qué podía interesarme.

   «Eh bien? Lui demandai-je.

   -¿Y bien? -le pregunté.

   — Eh bien, monsieur Aronnax, me répondit le capitaine Nemo, nous sommes dans cette baie de Vigo, et il ne tient qu'à vous d'en pénétrer les mystères.»

   -Pues bien, señor Aronnax, estamos en la bahía de Vigo, y sólo de usted depende que pueda conocer sus secretos.

   Le capitaine se leva et me pria de le suivre. J'avais eu le temps de me remettre. J'obéis. Le salon était obscur, mais à travers les vitres transparentes étincelaient les flots de la mer. Je regardai.

   El capitán se levantó y me rogó que le siguiera. Le obedecí, ya recuperada mi sangre fría. El salón estaba oscuro, pero a través de los cristales transparentes refulgía el mar. Miré.

   Autour du Nautilus, dans un rayon d'une demi-mille, les eaux apparaissaient imprégnées de lumière électrique. Le fond sableux était net et clair. Des hommes de l'équipage, revêtus de scaphandres, s'occupaient à déblayer des tonneaux à demi pourris, des caisses éventrées, au milieu d'épaves encore noircies. De ces caisses, de ces barils, s'échappaient des lingots d'or et d'argent, des cascades de piastres et de bijoux. Le sable en était jonché. Puis, chargés de ce précieux butin, ces hommes revenaient au Nautilus, y déposaient leur fardeau et allaient reprendre cette inépuisable pêche d'argent et d'or.

   En un radio de media milla en torno al Nautilus las aguas estaban impregnadas de luz eléctrica. Se veía neta, claramente el fondo arenoso. Hombres de la tripulación equipados con escafandras se ocupaban de inspeccionar toneles medio podridos, cofres desventrados en medio de restos ennegrecidos. De las cajas y de los barriles se escapaban lingotes de oro y plata, cascadas de piastras y de joyas. El fondo estaba sembrado de esos tesoros. Cargados del precioso botín, los hombres regresaban al Nautilus, depositaban en él su carga y volvían a emprender aquella inagotable pesca de oro y de plata.

   Je comprenais. C'était ici le théâtre de la bataille du 22 octobre 1702. Ici même avaient coulé les galions chargés pour le compte du gouvernement espagnol. Ici le capitaine Nemo venait encaisser, suivant ses besoins, les millions dont il lestait son Nautilus. C'était pour lui, pour lui seul que l'Amérique avait livré ses précieux métaux. Il était l'héritier direct et sans partage de ces trésors arrachés aux Incas et aux vaincus de Fernand Cortez!

   Comprendí entonces que nos hallábamos en el escenario de la batalla del 22 de octubre de 1702 y que aquél era el lugar en que se habían hundido los galeones fletados por el gobierno español. Allí era donde el capitán Nemo subvenía a sus necesidades y lastraba con aquellos millones al Nautilus. Para él, para él sólo había entregado América sus metales preciosos. Él era el heredero directo y único de aquellos tesoros arrancados a los incas y a los vencidos por Hernán Cortés.

   «Saviez-vous, monsieur le professeur, me demanda-t-il en souriant, que la mer contînt tant de richesse?

   -¿Podía usted imaginar, señor profesor, que el mar contuviera tantas riquezas? -preguntó, sonriente, el capitán Nemo.

   — Je savais, répondis-je, que l'on évalue à deux millions de tonnes l'argent qui est tenu en suspension dans ses eaux.

   -Sabía que se evalúa en dos millones de toneladas la plata que contienen las aguas en suspensión.

   — Sans doute, mais pour extraire cet argent, les dépenses l'emporteraient sur le profit. Ici, au contraire, je n'ai qu'à ramasser ce que les hommes ont perdu, et non seulement dans cette baie de Vigo, mais encore sur mille théâtres de naufrages dont ma carte sous-marine a noté la place. Comprenez-vous maintenant que je sois riche à milliards?

   -Cierto, pero su extracción arrojaría un coste superior a de su precio. Aquí, al contrario, no tengo más que recoger lo que han perdido los hombres, y no sólo en esta bahía de Vigo sino también en los múltiples escenarios de naufragios registrados en mis mapas de los fondos submarinos. ¿Comprende ahora por qué puedo disponer de miles de millones?

   — Je le comprends, capitaine. Permettez-moi, pourtant, de vous dire qu'en exploitant précisément cette baie de Vigo, vous n'avez fait que devancer les travaux d'une société rivale.

   -Sí, ahora lo comprendo, capitán. Permítame, sin embargo, decirle que al explotar precisamente esta bahía de Vigo no ha hecho usted más que anticiparse a los trabajos de una sociedad rival.

   — Et laquelle?

   -¿Cuál?

   — Une société qui a reçu du gouvernement espagnol le privilège de rechercher les galions engloutis. Les actionnaires sont alléchés par l'appât d'un énorme bénéfice, car on évalue à cinq cents millions la valeur de ces richesses naufragées.

   -Una sociedad que ha obtenido del gobierno español el privilegio de buscar los galeones sumergidos. Los accionistas están excitados por el cebo de un enorme beneficio, pues se evalúa en quinientos millones el valor de esas riquezas naufragadas.

   — Cinq cents millions! me répondit le capitaine Nemo. Ils y étaient, mais ils n'y sont plus.

   -Quinientos millones… Los había, pero ya no.

   — En effet, dis-je. Aussi un bon avis à ces actionnaires serait-il acte de charité. Qui sait pourtant s'il serait bien reçu. Ce que les joueurs regrettent par-dessus tout, d'ordinaire, c'est moins la perte de leur argent que celle de leurs folles espérances. Je les plains moins après tout que ces milliers de malheureux auxquels tant de richesses bien réparties eussent pu profiter, tandis qu'elles seront à jamais stériles pour eux!»

   -En efecto -dije-. Y sería un acto de caridad prevenir a esos accionistas. Quién sabe, sin embargo, si el aviso sería bien recibido, pues a menudo lo que los jugadores lamentan por encima de todo es menos la pérdida de su dinero que la de sus locas esperanzas. Les compadezco menos, después de todo, que a esos millares de desgraciados a quienes hubieran podido aprovechar tantas riquezas bien repartidas, y que ya serán siempre estériles para ellos.

   Je n'avais pas plutôt exprimé ce regret que je sentis qu'il avait dû blesser le capitaine Nemo.

   No había terminado yo de expresar esto cuando sentí que había herido al capitán Nemo.

   «Stériles! répondit-il en s'animant. Croyez-vous donc, monsieur, que ces richesses soient perdues, alors que c'est moi qui les ramasse? Est-ce pour moi, selon vous, que je me donne la peine de recueillir ces trésors? Qui vous dit que je n'en fais pas un bon usage? Croyez-vous que j'ignore qu'il existe des êtres souffrants, des races opprimées sur cette terre, des misérables à soulager, des victimes à venger? Ne comprenez-vous pas?...»

   -¡Estériles! -respondió, con gran viveza-. ¿Cree usted, pues, que estas riquezas están perdidas por ser yo quien las recoja? ¿Acaso cree que es para mí por lo que me tomo el trabajo de recoger estos tesoros? ¿Quién le ha dicho que no haga yo buen uso de ellos? ¿Cree usted que yo ignoro que existen seres que sufren, razas oprimidas, miserables por aliviar, víctimas por vengar? ¿No comprende que-… ?

   Le capitaine Nemo s'arrêta sur ces dernières paroles, regrettant peut-être d'avoir trop parlé. Mais j'avais deviné. Quels que fussent les motifs qui l'avaient forcé à chercher l'indépendance sous les mers, avant tout il était resté un homme! Son coeur palpitait encore aux souffrances de l'humanité, et son immense charité s'adressait aux races asservies comme aux individus!

   El capitán Nemo se contuvo, lamentando tal vez haber hablado demasiado. Pero yo había comprendido. Cualesquiera que fuesen los motivos que le habían forzado a buscar la independencia bajo los mares, seguía siendo ante todo un hombre. Su corazón palpitaba aún con los sufrimientos de la humanidad y su inmensa caridad se volcaba tanto sobre las razas esclavizadas como sobre los individuos.

   Et je compris alors à qui étaient destinés ces millions expédiés par le capitaine Nemo, lorsque le Nautilus naviguait dans les eaux de la Crète insurgée!

   Fue entonces cuando comprendí a quién estaban destinados los millones entregados por el capitán Nemo, cuando el Nautilus navegaba por las aguas de la Creta insurrecta.